Dans une déclaration rare et ferme, la communauté banyamulenge, souvent perçue comme un pion dans le conflit qui déchire l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a dénoncé avec force les manipulations du Rwanda. Par la voix de l’Honorable Ennoc Sebineza, son représentant, elle accuse Kigali d’exploiter les tensions ethniques pour justifier son ingérence militaire et politique en territoire congolais.
« Le Rwanda détruit notre vivre-ensemble »
« Le Rwanda prétend nous défendre, mais c’est un mensonge. Il ne fait que diviser pour mieux régner, sapant les fondements de la cohésion entre les communautés congolaises », a affirmé Sebineza, visiblement ému. Ce discours marque une rupture avec le silence habituel d’une minorité longtemps instrumentalisée dans les conflits régionaux.
Depuis des années, le Rwanda justifie ses interventions en RDC en invoquant la protection des Tutsi congolais, dont les Banyamulenge. Mais selon des rapports onusiens et des ONG locales, cette rhétorique masque une stratégie plus large : affaiblir la souveraineté congolaise tout en consolidant son emprise sur les richesses minières du Kivu.
Une communauté prise en étau
Les Banyamulenge paient un lourd tribut à cette instrumentalisation. Associés à tort aux groupes armés soutenus par Kigali, comme le M23, ils subissent des représailles de la part d’autres communautés, exacerbant les fractures ethniques. « Ceux qui nous agressent savent que nous avons été manipulés. Le Rwanda a construit son influence sur cette division, mais ce sont nos familles qui souffrent », déplore Sebineza.
Sur le terrain, la situation est explosive. Malgré les dénégations de Kigali, le M23 – dont les liens avec le Rwanda sont documentés – multiplie les attaques contre l’armée congolaise et les civils, alimentant un cycle de violences et de déplacements massifs.
Un appel à l’unité congolaise
Face à cette escalade, les Banyamulenge lancent un message clair : ils refusent d’être les otages d’un conflit qu’ils ne soutiennent pas. « Nous ne voulons pas de cette guerre. Nous sommes Congolais et voulons vivre en paix avec nos voisins », insiste Sebineza.
Cette prise de parole intervient dans un contexte régional tendu, alors que les diplomates s’activent pour relancer des négociations de paix. Elle met en lumière la complexité d’un conflit où les civils, quelles que soient leurs origines, restent les premières victimes des calculs géopolitiques.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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