Les déclarations contradictoires des gouvernements congolais et rwandais sur le processus de retrait du M23 illustrent une nouvelle fois les profondes divergences persistantes entre les deux pays, malgré les récents accords de paix.
La position congolaise : un retrait lié au mécanisme de sécurité bilatéral
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a affirmé sur Top Congo FM que le retrait du M23 serait encadré par le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (JSCM), prévu dans l’Accord de Washington du 27 juin 2025.
« Le JSCM est un outil crucial pour assurer le désengagement des groupes armés, y compris le M23, conformément aux engagements pris », a-t-il laissé entendre, suscitant l’espoir d’un retrait imminent des rebelles des zones occupées dans l’Est de la RDC.
Kigali dénonce une « désinformation flagrante »
Réagissant vivement sur X (ex-Twitter), le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a rejeté cette interprétation, qualifiant les propos de Muyaya de « désinformation flagrante ».
Il a rappelé que le JSCM est strictement bilatéral (RDC-Rwanda) et ne concerne que deux points :
- La neutralisation des FDLR (un groupe armé considéré comme terroriste par Kigali)
- La levée des mesures de défense rwandaises prises en réponse aux menaces sécuritaires
* »Associer le M23 à ce mécanisme est une erreur. Le dialogue avec l’AFC/M23 relève exclusivement de la Déclaration de Doha, qui traite des causes profondes du conflit »*, a-t-il martelé.
Doha vs Washington : deux processus distincts ?
Cette controverse révèle un fossé interprétatif entre Kinshasa et Kigali :
- Pour la RDC, le retrait du M23 doit être accéléré via des mécanismes sécuritaires, comme le JSCM.
- Pour le Rwanda, la question du M23 doit être résolue dans le cadre politique de Doha, incluant des réformes structurelles et un dialogue inclusif.
Nduhungirehe a insisté : « Le retrait du M23 dépendra des négociations en cours, pas d’un mécanisme bilatéral de sécurité. La priorité est la restauration de l’autorité de l’État congolais dans les zones concernées. »
Un processus de paix fragilisé par les malentendus
Alors que la Déclaration de Doha (19 juillet) avait ravivé l’espoir d’une sortie de crise, cette nouvelle polémique montre que la méfiance reste tenace. Les deux capitales continuent de s’affronter sur le terrain médiatique, chaque camp accusant l’autre de manipulation.
Prochaines étapes à surveiller :
- La mise en œuvre concrète des engagements de Doha
- L’évolution des négociations directes entre Kinshasa et le M23
- La réaction des médiateurs (Qatar, États-Unis, UA) face à ces tensions
En attendant, la population de l’Est, prise en étau entre discours politiques et réalités sécuritaires, attend des actes.
Par Marius Bopenga
CONGO PUB Online