La Haute Cour militaire a entamé ce vendredi le procès très attendu de l’ancien président Joseph Kabila, dans une atmosphère tendue entre solennité judiciaire et controverses politiques. Cette première audience, suivie de près par la nation, s’est conclue par un renvoi au 31 juillet, laissant présager un débat juridique et politique intense dans les jours à venir.
Une audience sous haute tension
Le ministre intérimaire de la Justice, Samuel Mbemba, présent dans la salle d’audience, a immédiatement réaffirmé l’indépendance de l’institution judiciaire face aux pressions extérieures. Dans une déclaration à la presse, il a martelé :
« La justice ne négocie pas, elle ne dialogue pas. Son calendrier est distinct de celui de la politique. »
Cette prise de position vise à écarter toute perception d’instrumentalisation du procès, alors que les accusations portées contre Kabila – trahison, crimes contre l’humanité, occupation armée de Goma – placent ce dossier au cœur des enjeux nationaux.
Le PPRD dénonce une « mascarade »
Du côté des proches de l’ancien chef de l’État, les réactions ont été virulentes. Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), a qualifié la procédure de « théâtre politique ».
« Tout est déjà décidé. La condamnation est signée, datée et numérotée. Ce procès n’est qu’une mise en scène ridicule », a-t-il asséné, reflétant la défiance d’une partie de la classe politique envers ce processus judiciaire.
Les prochaines étapes
La Cour a accordé un délai supplémentaire pour permettre à la défense et à l’accusation de préparer leurs arguments. Plusieurs questions cruciales restent en suspens :
- Joseph Kabila comparaîtra-t-il le 31 juillet ? Son absence lors de cette première audience alimente les spéculations.
- Les preuves avancées par l’accusation résisteront-elles à l’examen contradictoire ?
- L’équilibre entre justice et politique pourra-t-il être préservé dans un climat aussi polarisé ?
Un procès qui divise déjà
Alors que le gouvernement actuel y voit une étape nécessaire pour « la vérité et la lutte contre l’impunité », l’opposition kabiliste dénonce une « vengeance politique ». Entre ces deux narratifs, la société civile et les observateurs internationaux scrutent les développements avec prudence, conscients que ce procès pourrait redéfinir durablement les rapports entre justice et pouvoir en RDC.
À suivre : La comparution (ou non) de Kabila le 31 juillet, et les premières confrontations juridiques sur le fond des accusations.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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