L’ancien ministre des Mines Martin Kabwelulu a retrouvé la liberté ce mardi 28 juillet 2025 après plus de deux mois de détention au sein du Conseil national de cyberdéfense, un organe rattaché à la Présidence de la République. Sa libération intervient dans un climat politique particulièrement tendu, alors que le gouvernement actuel intensifie son offensive judiciaire contre les figures de l’ancien régime Kabila.
Arrêté le 22 mai dernier à Kinshasa dans des circonstances restées obscures, l’ex-ministre a subi une longue garde à vue dans des conditions dénoncées par ses proches comme contraires aux droits fondamentaux. Pendant toute la durée de sa détention, les autorités judiciaires se sont abstenues de toute communication officielle concernant les motifs précis de son incarcération, tandis que son accès à ses avocats et à sa famille était sévèrement restreint.
Selon des sources proches du dossier, les investigations se sont concentrées sur la gestion du secteur minier pendant les douze années où Kabwelulu dirigea ce ministère stratégique sous la présidence Kabila. Les enquêteurs se seraient particulièrement intéressés aux liens potentiels entre l’attribution de concessions minières et l’enrichissement de l’ancien chef de l’État, aujourd’hui sénateur à vie. Cette orientation des interrogatoires prend tout son sens alors que le Sénat a récemment levé l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, une décision historique qui pourrait déboucher sur des poursuites judiciaires sans précédent contre un ancien président.
La libération soudaine de Kabwelulu, sans explication officielle et sans qu’aucune charge n’ait été publiquement formulée contre lui, soulève de nombreuses questions sur la stratégie judiciaire du pouvoir en place. L’ancien ministre a choisi de garder le silence depuis sa remise en liberté, évitant toute déclaration qui pourrait attiser les tensions politiques.
Ce cas emblématique s’inscrit dans une dynamique plus large de mise en cause judiciaire des anciens dignitaires du régime Kabila, présentée par les autorités actuelles comme une croisade contre l’impunité. Cependant, les méthodes employées et l’absence de transparence alimentent les critiques sur l’instrumentalisation politique de la justice, particulièrement sensible à l’approche des échéances électorales de 2026.
Le traitement réservé à Kabwelulu révèle les contradictions d’un système en pleine mutation, où la volonté affichée de réforme judiciaire se heurte aux réalités des rapports de force politiques. Son évolution future constituera un indicateur clé de la capacité de la RDC à instaurer une justice indépendante, équitable et dépolitisée.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
CONGO PUB Online