Le processus de paix entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23 connaît un nouveau contretemps. Initialement prévues pour ce vendredi 8 août à Doha sous médiation qatarie, les discussions directes ont été reportées en raison de désaccords persistants sur les conditions préalables, plus de deux semaines après la signature d’un accord de principes.
La principale pomme de discorde concerne la libération des prisonniers. Le M23 maintient sa revendication de voir libérer immédiatement plus de 700 personnes accusées de liens avec la rébellion. Kinshasa, de son côté, campe sur sa position : toute libération doit intervenir à l’issue du dialogue et non en amont. Le gouvernement congolais justifie cette fermeté par plusieurs arguments.
D’une part, les autorités congolaises dénoncent le fait que le M23 n’a respecté aucun de ses engagements concernant la libération des prisonniers détenus dans ses camps. Bien au contraire, des rapports font état d’exécutions sommaires et d’enrôlements forcés parmi les militaires des FARDC capturés. D’autre part, Kinshasa craint qu’une libération anticipée ne crée un dangereux précédent, récompensant en quelque sorte les actions rebelles alors que des militaires congolais ont été condamnés pour avoir fui devant ces mêmes combattants.
La position congolaise s’appuie également sur des considérations de souveraineté. Kinshasa insiste pour que l’autorité de l’État soit d’abord rétablie dans les zones occupées du Nord et Sud-Kivu avant toute concession majeure. Cette intransigeance reflète les leçons tirées des processus de paix précédents, où des concessions faites sous pression n’ont pas conduit à une paix durable mais ont plutôt renforcé l’impunité.
Face à cette impasse, la médiation qatarie peine à trouver un terrain d’entente. Bien qu’elle ait assuré travailler à la relaxation des détenus des deux côtés pour créer des conditions propices au dialogue, elle n’a pas pu envoyer les invitations pour la reprise des pourparlers comme prévu. Ce report compromet le calendrier initial qui envisageait la signature d’un accord définitif avant le 18 août prochain.
Ce blocage intervient dans un contexte géopolitique sensible, alors qu’un autre accord a été signé le 27 juin à Washington entre la RDC et le Rwanda, avec le soutien actif des États-Unis. La communauté internationale suit avec attention l’évolution de ces deux processus parallèles, conscients qu’ils représentent peut-être la meilleure chance de mettre fin à près de trois décennies d’instabilité dans la région des Grands Lacs.
Pour l’heure, la balle est dans le camp des médiateurs qui doivent redoubler d’efforts pour concilier des positions apparemment inconciliables. La crédibilité du processus de paix en dépend, tout comme l’espoir d’une solution durable à ce conflit qui mine l’est de la RDC depuis trop longtemps.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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