Le contenu de la proposition d accord de paix, élaborée sous médiation qatari entre le gouvernement congolais et le groupe armé AFC M23, commence à filtrer, suscitant des réactions contrastées et des inquiétudes quant à des délais perçus comme irréalistes.
Les points clés de la proposition qatari
Le projet évoque le rétablissement de l autorité de l État dans les zones contrôlées par les rebelles au Nord et Sud Kivu. Pour y parvenir, il suggère un mécanisme intérimaire complexe
- La nomination par Kinshasa d autorités locales de transition.
- Une ouverture permettant à l AFC M23 de suggérer des candidatures pour ces postes.
- Une période de transition qui prendrait fin avec l organisation d élections locales en 2027.
Le document propose également l organisation d un dialogue national en 2026, un projet longtemps porté par les Églises et réclamé par l opposition, mais qui semble aujourd hui en standby depuis la formation d un nouveau gouvernement d union nationale.
Des réactions en demi teinte
La proposition a été fraîchement accueillie par les différents acteurs
- Du côté de l AFC M23 La direction rebelle a exprimé sa colère, rejetant catégoriquement la notion d un « rétablissement » de l autorité de l État sur des territoires qu elle estime avoir « libérés ». Son projet de fédéralisme, qualifié de « balkanisation » par Kinshasa, est également absent du texte.
- Du côté du gouvernement congolais L accord est « à l étude ». Une source proche du dossier indique que la délégation congolaise à Doha aura pour mandat de s assurer que les intérêts de la République sont protégés.
L ombre de calendriers américains irréalistes
Le processus bute surtout sur des délais extrêmement serrés, imposés par la médiation américaine. Les parties s étaient donné jusqu au 29 juillet pour mettre en œuvre une déclaration de principes, puis jusqu au 17 août pour signer un accord de paix final.
Ces échéances, portant le « sceau de l administration Trump », sont largement perçues comme irréalistes et politiquement motivées. Une source diplomatique s avoue pessimiste : L objectif principal est de pouvoir présenter Donald Trump comme un faiseur de paix.
Cette course contre la montre, comparée aux promesses rapides de l ancien président concernant la guerre en Ukraine, crée un profond scepticisme. Le contenu de l accord passe au second plan par rapport à l opportunité d obtenir des signatures lors de cérémonies organisées en grande pompe, déplore un diplomate.
Alors que les discussions se poursuivent à Doha, la situation sur le terrain reste tendue, et la perspective d une paix durable semble compromise par des agendas politiques externes et des divergences fondamentales entre les parties en présence.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
CONGO PUB Online