Après dépouillement de plus de 97% des bulletins de vote, le candidat de centre-droit à la présidentielle bolivienne remporte le second tour de scrutin organisé ce dimanche 19 octobre. Rodrigo Paz a recueilli 54,5% des suffrages selon les résultats officiels provisoires annoncés par le Tribunal suprême électoral.
Dans un pays en proie à une profonde crise économique après vingt ans de gouvernements socialistes, le sénateur de centre-droit Rodrigo Paz a remporté le second tour de l’élection présidentielle organisé ce dimanche 19 octobre en Bolivie. Devançant son rival de droite Jorge «Tuto» Quiroga, il recueillait 54,5% des suffrages contre 45,4 % à son adversaire après dépouillement de plus de 97% des bulletins de vote, a annoncé le Tribunal suprême électoral (TSE).
Héritier d’une influente dynastie politique, Rodrigo Paz est un homme politique modéré au ton populiste qui se présente comme un homme de consensus. Celui-ci accède au pouvoir dans un pays qui, sous Evo Morales, a poussé très loin le virage à gauche: nationalisation des ressources énergétiques, rupture avec Washington, alliances avec le Venezuela d’Hugo Chavez, Cuba, la Chine, la Russie ou encore l’Iran.
Cet économiste de 58 ans succédera le 8 novembre à l’impopulaire Luis Arce, qui a renoncé à se représenter et quittera le pouvoir au terme d’un mandat de cinq ans marqué par la pire crise économique qu’ait connue le pays en 40 ans. La chute des exportations de gaz, due au manque d’investissements, a tari les réserves en dollars et rendu intenable une coûteuse politique de subvention des carburants. Faute de devises pour les importer, la pénurie d’essence et de diesel s’est aggravée et les prix se sont envolé.
Alors que l’inflation annuelle dépasse désormais 23%, les longues files de véhicules attendant un hypothétique réapprovisionnement des stations-service sont devenues banales dans ce pays presque deux fois plus grand que la France, mais qui ne compte que 11,3 millions d’habitants.
Pas de majorité au Parlement
Durant la campagne, les deux candidats ont prôné des politiques similaires fondées sur une forte réduction des dépenses publiques – notamment des subventions aux carburants – et une plus grande ouverture au secteur privé. Rodrigo Paz a défendu un « capitalisme pour tous » fondé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire avant tout nouvel endettement. Son rival, plus radical, plaidait quant à lui pour une ouverture totale aux marchés internationaux et le recours à de nouveaux crédits.
« Mon approche est de parvenir à un consensus, à un accord, et de faire avancer les choses », a déclaré Rodrigo Paz peu avant de voter à Tarija, dans le sud du pays. Ce dernier ne disposera cependant pas d’une majorité au Parlement pour gouverner, ce qui va le contraindre à former des alliances. Arrivé en tête du premier tour de scrutin en août dernier, celui-ci pourra toutefois compter sur le groupe parlementaire le plus important, avec 49 députés et 16 sénateurs, devant celui de Jorge Quiroga (39 et 12).
La chute du Mouvement vers le Socialisme (MAS) de l’ancien président Evo Morales (2006-2019) a marqué la campagne: son candidat n’a obtenu que 3,1% des voix au premier tour. Visé par un mandat d’arrêt pour une affaire de traite de mineure qu’il conteste, Evo Morales n’a pas pu se présenter en raison de la limite des mandats. Il a ainsi encouragé le vote nul au premier tour. Les bulletins invalides ont atteint 19,8% des suffrages, un record depuis 2002.
Après avoir voté dans son fief du Chapare (centre), l’ancien chef de l’État, premier président amérindien du pays, a jugé que les propositions des deux candidats témoignaient d’un « manque de respect » envers le peuple bolivien. « Les crédits du FMI et de la Banque mondiale sont conditionnés à la privatisation des ressources naturelles », a-t-il dénoncé.
RFI