Les actions de la tech liées à l’intelligence artificielle ont perdu 3% la semaine dernière, soit plus de 1 000 milliards de dollars de valorisation boursière. À lui seul, le titre du fabricant de processeurs Nvidia a perdu 350 milliards de dollars. C’est le plus gros revers boursier hebdomadaire du Nasdaq depuis le mois d’avril, lorsque Donald Trump avait annoncé ses droits de douane. On est peut-être en train d’assister à l’éclatement de la bulle de l’IA, comme celui de la bulle internet au début des années 2000.
La Bourse de New York a montré ces derniers jours des signes de faiblesse, prudente face aux valorisations vertigineuses des géants du secteur technologique et de l’intelligence artificielle (IA). Les spécialistes s’inquiètent que certaines capitalisations soient montées trop haut trop vite, d’autant que les craintes grandissent sur la capacité des géants de la tech à absorber les coûts colossaux de la course à l’IA.
Cette fébrilité a été illustrée jeudi 6 novembre par une polémique suscitée par des déclarations confuses de la direction d’OpenAI, créateur de ChatGPT, sur une éventuelle demande de soutien gouvernemental, ensuite rétractée. Vendredi, vers 18h50 TU, l’indice Nasdaq – à forte coloration technologique – reculait de 1,17%, l’indice élargi S&P 500 cédait 0,62% et le Dow Jones perdait 0,39%. Les valeurs liées à l’IA évoluaient pour la plupart dans le rouge à Wall Street, à l’image du mastodonte des puces Nvidia (-2,02%), Broadcom (-3,92%) ou Microsoft (-0,42%).
Un retour au réel
Les doutes du PDG de Nvidia sur la course à l’IA avec la Chine ou la nécessité d’un recours au soutien financier du gouvernement américain annoncé par Open AI, le concepteur de ChatGPT, ont-ils douché les investisseurs ? Pour Alexandre Kateb, économiste fondateur de Multipolarity AI, une entreprise d’intelligence économique adossée à l’IA, c’est en tout cas un retour au réel.
« On assiste aujourd’hui à un retour un peu plus au réalisme de la part des investisseurs, à la fois sur les promesses de l’intelligence artificielle et sur le retour sur investissement qui peut en être anticipé à court terme, explique-t-il à RFI. Lorsque des grands acteurs commencent à lever de la dette pour financer des infrastructures massives qui se comptent en centaines de milliards de dollars, voire en trillions de dollars. Aujourd’hui, personne n’est capable, y compris ces acteurs eux-mêmes, par exemple comme OpenAI, de chiffrer ce retour sur investissement. »
La correction boursière pourrait, selon l’expert, aller jusqu’à l’éclatement de la bulle de l’IA. Sans remettre pour autant en question cette révolution technologique, quitte à ce qu’on assiste à une consolidation du secteur, comme on l’a vu pour internet il y a 25 ans.
Les dépenses dans l’IA devraient atteindre dans le monde environ 1 500 milliards de dollars en 2025, selon le cabinet américain Gartner, puis plus de 2 000 en 2026, soit près de 2% du PIB mondial.
RFI
