Dans le faste d’un institut fraîchement rebaptisé à son nom, Donald Trump a célébré jeudi la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda comme un triomphe personnel et un « grand miracle ». Pourtant, sur le terrain, les combats continuaient de faire rage, et les deux présidents africains, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ont affiché une prudence palpable, évitant toute poignée de main devant les caméras.
Alors que les signatures séchaient jeudi à Washington sur un nouvel accord de paix entre la RDC et le Rwanda, les bombardements et les affrontements se poursuivaient sans relâche dans le Kivu. Cette dissonance frappante résume le scepticisme entourant la cérémonie organisée par Donald Trump, qui y a vu l’occasion de marquer un point diplomatique et d’afficher la supériorité de sa méthode.
Les deux principaux concernés, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, sont arrivés séparément et n’ont échangé aucun geste de concorde. Leurs déclarations, mesurées, contrastaient avec l’emphase du président américain, qui a vanté un accord « puissant et détaillé » et promis des retombées économiques juteuses pour tous, notamment pour les entreprises américaines convoitant les minerais stratégiques de l’Est congolais.
Pour les observateurs, cet accord, qui formalise des engagements pris en juin sous pression américaine, sent le déjà-vu. Il a été signé au siège de l’ »Institut Donald-Trump pour la paix », renommé pour l’occasion, un symbole qui n’a pas échappé à la presse internationale. La vraie signature, celle des armes se taisant sur le terrain, se fait toujours attendre. Comme le note un chercheur congolais, le contenu semble secondaire face à l’événement médiatique et aux intérêts économiques qu’il sert.
La cérémonie, minutieusement chorégraphiée, a révélé les ressorts de la nouvelle diplomatie américaine : une pression intense et des promesses économiques. « Tout le monde va gagner beaucoup d’argent », a lancé l’hôte de la Maison Blanche, insistant sur l’accès privilégié offert aux entreprises américaines aux minerais congolais. Une vision transactionnelle où la paix semble passer par les affaires.
Mais derrière le spectacle – réception à huis clos dans le Bureau ovale, signature sous les projecteurs –, les signaux étaient moins radieux. Paul Kagame a prévenu qu’il y aurait « des hauts et des bas ». Félix Tshisekedi a évoqué un chemin « exigeant et plutôt difficile ». Un expert congolais, contacté par l’AFP, résume : « Pour [les Américains], l’essentiel est peut-être moins le contenu de l’accord que l’événement lui-même. »
Par Pascal Kabeya
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