La journée du 17 novembre a tourné au cauchemar dans les territoires de Kabare et Kalehe, où de violents combats opposant l’AFC/M23 aux Wazalendo ont mis la région à genoux. Villages désertés, écoles fermées et familles en fuite : les civils paient un lourd tribut à cette résurgence des violences.
Dès les premières heures, les localités de Civanga, Mbayo et Kabulungu ont été secouées par des échanges de tirs nourris. « C’était un vacarme infernal… on sentait la terre vibrer », témoigne un jeune homme rencontré à Kalonge, décrivant une pluie continue de balles qui a poussé les habitants à fuir précipitamment.
La RN3 paralysée, le parc national de Kahuzi-Biega sous tension
Les affrontements ont rendu toute circulation impossible sur la route nationale numéro 3, artère vitale reliant Miti à Bunyakiri et traversant le parc national de Kahuzi-Biega. « On nous a dit de rebrousser chemin. Personne ne sait ce qui se passe plus loin », rapporte un chauffeur de camion bloqué depuis des heures, illustrant la paralysie instantanée du trafic dans cette zone stratégique.
L’effondrement de la vie quotidienne
L’escalade des violences a brutalement suspendu toute activité économique et sociale. Les marchés de Bitale, Kalonge et Kafurmaye sont restés fermés, les rues désertes. « On n’entendait plus rien, sauf les tirs. Aucun enfant ne jouait, c’était effrayant », confie une habitante de Bitale, dépeignant le calme angoissant d’une zone en état de siège.
Le système éducatif n’a pas résisté à la pression. Les écoles de Cibinda, Wabika, Tchombo et le secondaire Cibumbiro sont restées portes closes. « Nous ne pouvons pas risquer nos vies et celles des enfants », justifie un directeur d’école, résumant le dilemme des enseignants face à la dégradation sécuritaire.
L’exode forcé des populations
La peur a déclenché un mouvement massif de déplacement. Des centaines de familles ont pris la route, souvent à pied, vers des zones jugées plus sûres. « On a marché des kilomètres. Les enfants pleuraient, mais rester là-bas était impossible », raconte une femme arrivée exténuée à Miti, évoquant l’abandon des champs, du bétail et des maisons dans la précipitation.
À ce stade, aucun bilan précis n’est disponible, les combats se poursuivant et l’accès humanitaire restant limité. « On ne sait pas ce qu’on retrouvera en revenant, si on revient un jour… », murmure un déplacé, le regard perdu. La région retient son souffle, suspendue au rythme des armes qui continuent de résonner.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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