La Commission européenne a proposé mercredi de travailler à la création d’un tribunal spécial pour juger les « crimes de la Russie » en Ukraine. L’instance souhaite également trouver des solutions pour mobiliser les avoirs russes gelés afin d’aider à reconstruire le pays ravagé, deux entreprises qui s’annoncent toutefois difficiles.
En parallèle, sur le terrain des opérations militaires, les forces russes maintiennent la pression en vue de tenter de s’emparer de Bakhmout, une ville de l’est du territoire ukrainien dans les environs de laquelle des combats font rage depuis l’été. Les Russes avaient peu auparavant revendiqué la prise de trois villages près de cette ville qui comptait 70 000 habitants avant la guerre et qui est aujourd’hui en grande partie détruite. Cette bataille a pris une importance d’autant plus symbolique pour Moscou que la conquête de Bakhmout, avec l’appui du groupe paramilitaire Wagner, arriverait après une série d’humiliantes défaites, avec les retraites de Kharkiv (nord-est) en septembre et de Kherson (sud) en novembre.
Un employé de l’ambassade d’Ukraine à Madrid a par ailleurs été légèrement blessé mercredi par l’explosion d’une lettre piégée destinée à l’ambassadeur, amenant Kiev à ordonner un renforcement de la sécurité dans toutes ses représentations diplomatiques.
Un tribunal spécial pour juger la Russie

« Tout en continuant à soutenir la Cour pénale internationale (CPI, dont le siège est à La Haye, NDLR), nous proposons de mettre en place un tribunal spécial soutenu par les Nations unies pour enquêter et poursuivre en justice les crimes d’agression de la Russie » contre l’Ukraine, a déclaré la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen, dans une vidéo diffusée mercredi sur Twitter.
« Tout en continuant à soutenir la Cour pénale internationale (CPI, dont le siège est à La Haye, NDLR), nous proposons de mettre en place un tribunal spécial soutenu par les Nations unies pour enquêter et poursuivre en justice les crimes d’agression de la Russie » contre l’Ukraine, a déclaré la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen, dans une vidéo diffusée mercredi sur Twitter.
Celle-ci ne pourrait pas juger le président russe Vladimir Poutine, son Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères, qui bénéficient d’une immunité de poursuites pendant leur mandat, note la Commission. « Un tribunal ad hoc compétent pour les crimes d’agression permettrait de poursuivre en justice les plus hauts dirigeants russes qui autrement jouiraient d’une immunité », poursuit-elle dans un document préliminaire. Si la proposition n’a aucune chance de passer au Conseil de sécurité de l’ONU en raison de l’opposition de la Russie, elle pourrait avoir plus d’écho à l’Assemblée générale.
Faire payer la Russie pour reconstruire l’Ukraine

Les Européens veulent aussi parler avec leurs partenaires, notamment au sein du G7, de leur volonté de faire payer Moscou pour les destructions matérielles en Ukraine. « Avec nos partenaires, nous veillerons à ce que la Russie paie pour les ravages qu’elle a causés, en utilisant les fonds gelés des oligarques et les actifs de sa banque centrale », a affirmé Ursula von der Leyen. Selon la cheffe de l’exécutif européen, plus de 20 000 civils et plus de 100 000 militaires ukrainiens ont été tués ou blessés depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février, tandis que les dommages subis par l’Ukraine sont évalués à 600 milliards d’euros.
Les Etats membres de l’UE ont déjà gelé 19 milliards d’euros d’avoirs appartenant à des oligarques russes et quelque 300 milliards d’euros de réserves de la Banque centrale de Russie sont bloqués dans l’UE et les autres pays du G7. En ce qui concerne les avoirs publics, la Commission propose de créer « une structure pour gérer ces fonds et les investir ». Les revenus ainsi générés pourraient directement servir à la reconstruction de l’Ukraine.
Une fois les sanctions levées, ces actifs de la banque centrale devraient être restitués mais ils pourraient « être liés à un accord de paix prévoyant d’indemniser l’Ukraine pour les dommages subis ». En ce qui concerne les avoirs des oligarques qui ont été gelés, leur confiscation ne serait possible qu’en lien avec une infraction pénale. L’UE est en train d’harmoniser les législations de ses Etats membres afin de punir de façon uniforme le contournement des sanctions, ce qui pourrait servir de base à une telle mesure.
40% du réseau électrique ukrainien toujours hors d’usage

Une semaine après les dernières frappes russes sur les infrastructures énergétiques, près de la moitié du réseau électrique ukrainien restait jeudi hors d’usage a indiqué l’opérateur privé DTEK, tout en soulignant les efforts « de jour comme de nuit » des électriciens pour les réparer.
« La Russie a détruit 40% du système énergétique ukrainien avec des attaques terroristes aux missiles. Des dizaines de travailleurs de l’énergie ont été tués et blessés », a affirmé DTEK dans un communiqué publié sur Telegram.
L’ONU lance un appel record pour l’aide humanitaire, dopé par l’Ukraine

L’ONU a lancé jeudi un appel de fonds record pour 2023 face aux besoins humanitaires qui s’envolent, portés par le conflit en Ukraine et les effets du changement climatique, tels que les risques de famine en Afrique. Les agences humanitaires des Nations unies nécessiteront 51,5 milliards de dollars US (49,6 milliards d’euros) l’an prochain, des besoins en hausse de 25%. Ces fonds leur permettront de financer leurs programmes pour venir en aide à 230 millions de personnes parmi les plus vulnérables dans 68 pays.
« L’année prochaine sera donc le plus vaste programme humanitaire » jamais lancé au niveau mondial, a déclaré le chef de l’agence humanitaire de l’ONU Martin Griffiths aux journalistes. « Des sécheresses et des inondations meurtrières font des ravages (…) du Pakistan à la Corne de l’Afrique. La guerre en Ukraine a transformé une partie de l’Europe en champ de bataille. Plus de 100 millions de personnes sont déplacées dans le monde. Et tout cela en plus de la dévastation que la pandémie a entraînée chez les plus pauvres dans le monde », a souligné Martin Griffiths, qui s’attend à ce que 2023 soit dans la même veine que 2022.
Lavrov dénonce les propos « pas chrétiens » du pape sur les minorités ethniques en Russie


« Le pape François a fait il y a peu des déclarations pas du tout compréhensibles, absolument pas chrétiennes, désignant deux peuples de Russie, pour dire qu’on doit s’attendre de leur part à des atrocités lors de combats militaires », a dénoncé jeudi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse. « Ca n’aide pas à l’autorité du Saint-Siège », a ajouté celui dont le pays est accusé d’envoyer au front de manière disproportionnée des hommes appartenant à des minorités ethniques de Sibérie et du Caucase, régions pauvres et reculées.
Depuis trois jours différents responsables russes se sont offusqués de propos tenus par le pape lors d’un entretien avec un journal jésuite et dans lequel ce dernier évoquait la cruautés des Tchétchènes et Bouriates servant dans l’armée russe en Ukraine. La Tchétchénie est une république du Caucase russe à majorité musulmane, la Bouriatie est, elle, une région bouddhiste de Sibérie située entre le lac Baïkal et la Mongolie. Une unité basée en temps de paix en Bouriatie a ainsi été accusée d’avoir joué un rôle central dans le massacre de civils à Boutcha, près de la capitale Kiev. La Russie a nié ces crimes et évoqué une « mise en scène » de l’Ukraine et de ses alliés occidentaux.
L’EXPRESS via CONGO PUB Online