C’est un énième drame du genre qui a lieu au Bénin, ou l’essence de contrebande en provenance du Nigeria représente un important commerce dont vivent beaucoup de familles. Un 2ème incendie a eu lieu au cours de la soirée, sans perte humaine cette fois.
Deux incendies ont eu lieu dans la journée du samedi 23 septembre au Bénin, dans la zone de Sèmè jouxtant le Nigeria. Le 2ème survenu aux alentours de 20 h concerne un entrepôt de riz situé non loin du péage d’Ekpè. Aucune perte humaine n’a été enregistrée, contrairement au 1er survenu en matinée dans un dépôt d’essence illicite à Sèmè-Kraké, qui a fait 34 morts (dont deux bébés) et 20 blessés graves selon le dernier bilan officiel.
Selon le #MISP, Alassane SEIDOU, l’incendie s’est déclenché aux alentours de 9 heures ce samedi 23 septembre 2023. Il a été enregistré 34 décès dont 02 bébés, tous calcinés, et 20 personnes brûlées de gravité variable.
Selon le #MISP, Alassane SEIDOU, l'incendie s'est déclenché aux alentours de 9 heures ce samedi 23 septembre 2023. Il a été enregistré 34 décès dont 02 bébés, tous calcinés, et 20 personnes brûlées de gravité variable. #Wasexo #Gouvbenin #SanteBenin pic.twitter.com/sJVL5blRbb
— Gouvernement du Bénin 🇧🇯 (@gouvbenin) September 23, 2023
Les causes des départs de feu sont encore inconnues, mais le fait que le dépôt de carburant soit un important centre de commerce ou vivent en permanence de nombreux contrebandiers peut expliquer ce lourd bilan. Alassane Seïdou, Benjamin Hounkpatin, Véronique Tognifodé et Romuald Wadagni, ministres respectivement de l’Intérieur, de la Santé, des Affaires sociales et de l’Economie, ont été dépêchés sur les lieux du drame et au chevet des blessés. Ces derniers sont actuellement soignés au frais de l’Etat par le CNHU de Cotonou, le plus grand hôpital du pays.
"Dès que les blessés ont été transférés, la prise en charge de tous les frais médicaux est gratuite (…) et pareillement, nos assistants sociaux également s'organisent pour assurer une assistance psychologique", dixit la #MASM, Mme Véronique TOGNIFODE pic.twitter.com/NwkV4altcl
— Gouvernement du Bénin 🇧🇯 (@gouvbenin) September 23, 2023
Mais cela remet sur la table l’éternel problème du trafic illégal d’essence, dont provient la majeure partie de la consommation béninoise de carburant pour véhicules à 2 et 4 roues.

Communément appelé ‘’Kpayo’’ dans le pays, il s’agit principalement de brut détourné au Nigeria par des trafiquants locaux qui le volent souvent directement dans les pipelines. Ce brut est ensuite raffiné artisanalement pour produire une essence qui est abondamment écoulée sur le marché béninois via divers chemins clandestins le long des 770 km de frontière que partagent les 2 pays.

Ce commerce entre autres, a déjà été à l’origine de multiples tensions, les gouvernants s’accusant mutuellement de plomber leurs économies respectives par manque de réaction face à ce phénomène qui dure depuis des décennies. Sur un autre segment, et avant la récente normalisation des relations diplomatiques, le président nigérian Tinubu avait accusé le Bénin et quelques autres pays de profiter des subventions que son pays appliquait au carburant pour les populations nigérianes.
Le Bénin a déjà tenté à plusieurs reprises de mettre fin au trafic d’essence illégal. Par deux fois, l’ancien chef d’Etat Yayi Boni avait porté interdiction de ce commerce, avec des descentes de police et des contrôles douaniers avec saisie de la marchandise frappant les contrevenants. Le début du premier mandat de Patrice Talon a aussi été émaillé de nombreuses rafles policières pour tenter de décourager le phénomène.
Mais ce dernier a pris une telle ampleur qu’un double problème se pose aux autorités. Tout d’abord, la porosité des frontières et l’envergure des réseaux de trafiquants nigérians, que l’Etat fédéral peine à combattre, car souvent armés et organisés. Ensuite, le fait que ce business illicite soit devenu la source de revenus essentielle de plusieurs centaines de milliers de personnes, dans un Bénin ou le chômage est encore un problème majeur.
Les autorités béninoises ont dénombré jusque-là 54 000 points de vente de Kpayo à travers le pays. En tenant compte des métiers connexes et auxiliaires (transport, gardiennage, aide à la vente, etc.), il faut compter en moyenne 10 personnes vivant activement de ce commerce pour chaque point de vente. Cela fait une moyenne de 540 000 personnes impliquées, pour lesquelles l’Etat pense à trouver des alternatives de reconversion viables.

Conscient du problème, le ministre Romuald Wadagni a mentionné le programme de reconversion aux métiers du textile initié par le gouvernement béninois, pour alimenter la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé. « Depuis le début de cette année, c’est plus 5 000 personnes qui ont déjà été reconverties […] formées et qui ont aujourd’hui un emploi décent » a-t-il déclaré.
D'après le Ministre d'État @WadagniRomuald, il a été recensé 54.000 points de vente de l'essence dite "Kpayo". Un programme est mis sur pieds par @gouvbenin pour la reconversion de ces vendeurs à d'autres activités décentes pour qu'ils puissent nourrir leurs familles. #Wasexo pic.twitter.com/y1ojVGPLW4
— Gouvernement du Bénin 🇧🇯 (@gouvbenin) September 23, 2023
« On ne peut pas fermer les yeux sur l’urgence d’éviter que ces drames se reproduisent » poursuit-il, évoquant un programme en cours pour la mise en place de mini-stations sécurisées, à l’intention des acteurs privés de ce commerce.
Feriol Bewa
Agence Ecofin via CONGO PUB Online