« À la tête de la Regideso depuis un peu plus d’une année, nous croyons être sur la bonne voie dans le redressement de cette entreprise », clame David Tshilumba, le directeur général de la Régie de distribution d’eau (Regideso), l’ex-société publique devenue commerciale.
sur TOP CONGO FM, il assure qu' »aujourd’hui, la desserte est passée de moins de 30 à 36%. On a donc ajouté un chiffre assez significatif des bénéficiaires d’eau. Nous avons ajouté 110 000 m³ (d’eau produite) avec le complexe de traitement de Binza-Ozone. C’est un peu plus plus de 2 millions de personnes à Kinshasa. À Mbuji-Mayi, le Prise (Projet de renforcement des infrastructures socio-économiques dans la zone centre de la RDC) donne de l’eau à plus de 50% de la population, malgré des difficultés énergétiques sur place. Le Prise s’est étalé dans d’autres coins du pays où nous donnons de l’eau à des centaines de milliers de personnes« .
Partie de 99 stations de traitement, il y a un peu plus d’une année, la Regideso version David Tshilumba en compte désormais 102.
« Nous avons une nouvelle station à Sakania grâce à la coopération minière« , commente-t-il.
« À notre arrivée, nous avons trouvé le Congo profond dépendant de l’énergie thermique avec des groupes électrogènes achetés (il y a plus de 40 ans). La première chose, c’était de les remplacer. À Goma, la Regideso a acheté, sur fonds propre, un groupe électrogène de près d’un megawatt. À Kananga, le groupe électrogène datait de 1984. Celui-ci fonctionnait de temps en temps. On l’a remplacé. C’est le cas à Mbuji-Mayi et dans le Grand Bandundu (Bolobo, Mushie, Bandundu-ville, Kikwit, Popokabaka). Les gens ont de l’eau et en permanence », laisse-t-il entendre.
Dans la province du « Kwango où la Regideso n’a jamais été présente depuis que ce pays est pays, nous y établissons la Regideso aujourd’hui, à Popokabaka notamment. On y achète des terres pour sécuriser des sources d’eau et établir des bureaux« , explique-t-il.
« À l’Equateur, à notre arrivée, les agents étaient impayés depuis 33 mois. Nous payons les travailleurs désormais chaque mois et apurons progressivement les arriérés. Pour ce qui est de la desserte, il faut envoyer du carburant pour qu’on donne de l’eau aux gens. Le pouvoir d’achat est trop faible. Ce qu’on reçoit comme recettes n’est pas rémunératrice pour supporter ne serait-ce que le carburant. C’est pourquoi, nous envoyons de l’argent pour payer les agents et acheter du carburant. Aujourd’hui, nous voulons remplacer l’énergie thermique par le solaire car la première coûte excessivement chère. À Mbandaka, l’usine avait des problèmes. On a commencé à refaire le réseau et récupérer des abonnés qui n’avaient plus d’eau durant des dizaines d’années », se félicite David Tshilumba.
« Ce sont des efforts assez remarquables. Dans un pays où l’investissement dans les infrastructures d’eau n’a pas eu lieu depuis plus de 2 décennies, quand on arrive à des investissements de ce genre, il faut apprécier. On fait des choses qui n’ont jamais été faites ici durant des décennies », lance-t-il.
Néanmoins, tempère-t-il, « cela ne veut pas dire que le travail est terminé, que tout le monde a de l’eau. Néanmoins, les efforts sont très remarquables ».
Des défis
David Tshilumba qui entretient le rêve de faire de la Regideso, la meilleure entreprise du secteur en Afrique d’ici 5 à 10 ans, est lucide sur le « très grand travail à faire pour relever le défi. Les investissements ne doivent pas concernés que les infrastructures verticales, c’est-à-dire les usines de traitement de l’eau, mais également l’infrastructure horizontale, pour le cas d’espèce la tuyauterie. À Kinshasa seulement, nous avons 6 à 7 000 km de tuyaux qu’il faut remplacer. On a longtemps parlé des problèmes de tuyauterie sans agir. Allez dans la grande province orientale, le grand Kivu, les infrastructures sont dans un état qui nécessite des investissements », énonce-t-il.
« Nous avons fait des calculs pour arriver à donner de l’eau à 65% de la population congolaise (qui croit à hauteur de 3,5% par an), il faut investir plus de 10 milliards de dollars. La banque mondiale parle de 9,8 milliards, c’est pratiquement les mêmes chiffres que nous« , fait-il observer.
Certes, « À Kinshasa, nous avons ajouté l’usine de Binza-Ozone avec 110 000 m³ d’eau (premier module), nous avons ajouté, en 2022, l’usine de Lemba Imbu avec 35 000 m³. Tout cela s’est ajouté à la capacité existant, nous avons aujourd’hui près de 700 000m³ /jour. Mais, ce n’est pas suffisant pour donner de l’eau à toute la population de Kinshasa. Rien que la capitale a besoin d’un peu plus de 1,1 million de m³ /jour« , indique le directeur général de la Regideso.
Pour ce faire, « nous allons bientôt inaugurer le 2ème module du complexe de traitement d’eau de Binza-Ozone », annonce-t-il.
Aussi, « nous avons un projet, sur initiative propre de la Regideso, de construire une 2ème usine de 50 000m³ à Lukunga et réfectionner la première usine de Lukunga de 50 000 m³, construire plus de 250 km de tuyaux, 4 nouveaux réservoirs à Kinshasa pour une valeur de plus de 140 000 dollars, toujours sur fonds propre« , insiste David Tshilumba.
Mieux que n’importe quelle eau en bouteille
À propos de la qualité de l’eau produite par son entreprise, David Tshilumba est formel : « l’eau produite par la Regideso est d’une très bonne qualité. Elle est mieux que de l’eau embouteillée, en raison de son équilibre minéral qui est de loin meilleur« , affirme-t-il.
Et de poursuivre, « la tuyauterie a (certes) vieilli dans certaines parties, mais elle reste relativement bonne dans d’autres. Ce que nous faisons, c’est envoyer nos équipes de labo mobile, vérifier la qualité de l’eau au jour le jour. L’eau que nous mettons sur le réseau répond aux normes OMS », assure David Tshilumba.
Du reste, « lors de nos vérifications, si la qualité n’est pas bonne, vous nous entendez directement communiquer. On ne peut pas prendre le risque avec la santé des gens », dit-il.
« Quand nous dosons le chlore à l’usine, nous tenons beaucoup à la notion du chlore résiduel. Le chlore résiduel, c’est pour rassurer que l’eau est toujours désinfectée bien qu’elle ait voyagé des kilomètres et des kilomètres. Quand vous ouvrez un robinet, l’eau est un peu blanchâtre en raison du chlore résiduel. Il suffit de la mettre dans un récipient, le chlore résiduel disparaît et l’eau peut être consommée sans problème« , confie le directeur général de la Regideso qui n’esquive pas les soucis rencontrés dans la distribution.
« La coloration rougeâtre, par exemple, peut-être due à la corrosion pour cause de vétusté de nos tuyaux. En outre, l’oxygène entre en réaction avec les parois d’une tuyauterie en acier laissée sans eau pendant un temps relativement long. Cela entame, évidemment, la qualité de l’eau. On a également la masse filtrante qui peut accompagner le liquide dans le réseau et se déposer sur les parois de la tuyauterie. Pour ce dernier cas, nous avons des points de purge pour le nettoyage. C’est un problème de maintenance régulier« , note-t-il.
Top congo fm via CONGO PUB Online