La ville de Goma, dans la province du Nord-Kivu, est plongée dans un climat de peur et d’incertitude alors que les cas d’arrestations et d’enlèvements perpétrés par les rebelles du M23 se multiplient. Ces actes, ciblant principalement les jeunes et les hommes adultes, suscitent une vive inquiétude parmi la population, déjà éprouvée par des années de conflits et d’instabilité.
Ces dernières semaines, de nombreux avis de recherche ont circulé sur les réseaux sociaux, lancés par des familles désespérées à la recherche de leurs proches disparus. Certaines de ces personnes ont été interpellées par les forces d’occupation, tandis que d’autres ont été enlevées par des individus non identifiés, ajoutant à la confusion et à l’angoisse générale.
Selon des sources locales, les rebelles du M23 conduisent les personnes arrêtées vers des centres de détention, notamment ceux de l’Agence nationale des renseignements (ANR). Ces cachots, connus pour leurs conditions inhumaines, sont devenus le symbole de la répression exercée par le groupe armé. Chaque jour, des messages de dénonciation et des appels à l’aide inondent les réseaux sociaux, reflétant le désarroi des familles et leur quête désespérée de réponses.
Des cas emblématiques qui illustrent la terreur
Parmi les incidents récents, l’enlèvement d’une fillette de six ans dans le quartier de Kyeshero, à l’ouest de Goma, le 1er mars, a particulièrement choqué la population. Le même jour, Ruphin Djombe, un jeune homme bien connu dans la ville, a été interpellé à son domicile près du marché Alanine lors d’une perquisition menée par les rebelles. Bien qu’il ait été relâché dans la soirée, son arrestation arbitraire a ravivé les craintes d’une répression généralisée.
Un autre cas marquant est celui d’un pasteur de l’église CBCA Katoy, enlevé de chez lui par des hommes armés du M23 et emmené vers une destination inconnue. Sa famille, comme celle d’Innocent Chasinga Authentic, disparu depuis le 25 février, vit dans l’angoisse de ne pas savoir ce qu’il est advenu de leur proche.
La situation s’est encore aggravée avec la mort tragique d’une personne sourde et muette, abattue par balle par un rebelle dans la ville volcanique le 27 février. L’association AEDESONOKI a vivement dénoncé cette exécution, soulignant que la victime, en raison de son handicap, n’avait aucune chance de se défendre ou de comprendre ce qui lui arrivait.
Une psychose grandissante
Ces incidents, loin d’être isolés, s’inscrivent dans un contexte plus large de violence et d’impunité qui frappe la région. Pour les habitants de Goma, chaque journée apporte son lot de nouvelles inquiétantes, renforçant un sentiment d’insécurité et d’abandon. Les acteurs locaux dénoncent une population « sacrifiée », prise en étau entre les différents groupes armés et les autorités dépassées par la situation.
La multiplication des arrestations et des enlèvements, couplée à l’absence de réaction efficace des autorités, alimente une psychose collective. Les familles, désemparées, continuent de se tourner vers les réseaux sociaux et les organisations locales pour faire entendre leur voix, espérant que la pression internationale pourra mettre un terme à ces exactions.
Dans ce climat de terreur, la population de Goma attend désespérément une issue à cette crise, tout en craignant que le pire soit encore à venir.
MN
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