Le gouvernement britannique a fermement rejeté la demande du Rwanda de verser 50 millions de dollars (64 millions de dollars) dans le cadre de l’accord migratoire désormais annulé entre les deux pays. Cette décision, qui intervient après l’abandon du projet controversé d’expulsion de demandeurs d’asile vers le Rwanda, soulève des tensions diplomatiques et des questions sur les engagements financiers internationaux.
Un accord migratoire abandonné, des dettes contestées

L’accord, signé en 2022 sous l’ancien gouvernement conservateur, prévoyait l’expulsion de certains demandeurs d’asile vers le Rwanda en échange de paiements substantiels. Cependant, le Premier ministre Keir Starmer, arrivé au pouvoir en juillet dernier, a qualifié ce plan de « mort et enterré », mettant fin à un projet qui avait déjà coûté 240 millions de dollars (310 millions de dollars) aux contribuables britanniques.
Un porte-parole du gouvernement britannique a déclaré : « Aucun autre paiement concernant cette politique ne sera effectué, et le Rwanda a renoncé à tout paiement supplémentaire. » Cette déclaration ferme contraste avec les demandes insistantes du Rwanda, qui affirme que le Royaume-Uni est juridiquement tenu de payer les 50 millions de dollars restants.
Le Rwanda exige le respect des engagements

Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a accusé le Royaume-Uni de manquer à ses obligations. « Le Royaume-Uni avait initialement demandé au Rwanda de faire preuve de négligence concernant ce paiement, mais nous exigeons désormais que les termes de l’accord soient respectés », a-t-elle déclaré. Elle a également qualifié les réductions d’aide bilatérale du Royaume-Uni de « mesures punitives injustifiées », liées à des accusations non fondées de soutien au groupe rebelle M23 en République démocratique du Congo (RDC).
Un contexte diplomatique tendu
La décision du Royaume-Uni de ne pas honorer cette demande s’inscrit dans un contexte de relations déjà fragilisées. Le mois dernier, Londres a annoncé la réduction de son aide bilatérale au Rwanda, à l’exception des fonds destinés aux plus pauvres et aux plus vulnérables. Cette mesure a été perçue comme une sanction par Kigali, qui nie toute implication dans le conflit en RDC.
Des experts de l’ONU estiment pourtant que 3 000 à 4 000 soldats rwandais sont présents dans l’est de la RDC, alimentant les soupçons de soutien au M23. Le Rwanda justifie ses actions par la nécessité de faire face à une « menace existentielle » posée par des milices génocidaires près de ses frontières.
Conséquences pour les deux pays
Pour le Rwanda, le refus du Royaume-Uni de payer les 50 millions de dollars réclamés représente un manque à gagner significatif, susceptible d’affecter ses programmes de développement. Le pays pourrait être contraint de chercher d’autres sources de financement international.
Du côté britannique, cette décision souligne la volonté du gouvernement de ne pas s’engager davantage dans un projet jugé inefficace et coûteux. Cependant, elle laisse également le Royaume-Uni sans solution immédiate pour gérer l’afflux de demandeurs d’asile, un problème qui continue de diviser l’opinion publique.
Une région en proie à l’instabilité

Les tensions entre le Rwanda et la RDC, exacerbées par les accusations de soutien au M23, risquent de s’intensifier. La présence présumée de soldats rwandais dans l’est de la RDC pourrait compliquer les efforts de paix dans une région déjà marquée par des décennies de conflits.
En conclusion, le refus du Royaume-Uni de payer les 50 millions de dollars réclamés par le Rwanda marque un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays. Alors que le Royaume-Uni cherche à tourner la page d’un projet controversé, le Rwanda se retrouve face à des défis économiques et diplomatiques croissants. Les conséquences de cette décision, tant sur le plan régional qu’international, restent à observer.
Auteur : MN
Source : CONGO PUB Online