Le géant minier anglo-australien Rio Tinto opère un virage stratégique en Afrique. Alors qu’il vient d’annoncer son retrait du Rwanda, le groupe intensifie ses discussions avec la République démocratique du Congo (RDC) pour développer l’un des plus grands gisements de lithium dur au monde. Une double décision qui révèle les nouvelles priorités du groupe dans la course aux métaux critiques.
Une sortie du Rwanda pour mieux investir en RDC

Rio Tinto a officiellement mis fin à ses activités d’exploration au Rwanda, marquant ainsi la fin de plusieurs années de présence dans le pays. Ce retrait s’inscrit dans une stratégie de recentrage visant à concentrer ses ressources sur des projets à plus fort potentiel.
Trois raisons expliquant ce choix :
1️⃣ Potentiel minier limité : Le Rwanda, bien que politiquement stable, ne dispose pas des mêmes réserves stratégiques que ses voisins.
2️⃣ Optimisation des coûts : Dans un contexte de volatilité des marchés, Rio Tinto privilégie les actifs les plus prometteurs.
3️⃣ Focus sur la RDC : Le pays abrite d’immenses réserves de lithium, cuivre et cobalt, essentiels pour la transition énergétique.
La RDC, futur géant du lithium ?

Les discussions entre Rio Tinto et les autorités congolaises pourraient aboutir au développement d’un des plus importants gisements de lithium dur au monde. Un projet qui s’inscrit dans la stratégie mondiale du groupe, déjà présent en Serbie, Argentine et Australie.
Un pivot stratégique au cœur de l’Afrique
Ces pourparlers interviennent alors que :
- Le gouvernement congolais cherche à réduire la domination chinoise (70% du secteur minier critique)
- Kinshasa discute parallèlement avec Washington d’un échange « minéraux contre sécurité » face aux rebellions dans l’Est
- Rio Tinto accélère son virage vers les métaux verts après son acquisition d’Arcadium Lithium (6,7 milliards $)
Le projet pourrait hisser la RDC déjà leader mondial du cobalt au rang de puissance lithium, avec une production potentielle de 700 000 tonnes/an pendant 20 ans.
KoBold étudie également d’autres possibilités d’exploration à proximité du gisement de Roche Dure, selon des personnes familières avec le sujet. La société a proposé un accord de bénéfice pour Tantalex Lithium Resources Corp., qui possède 70 % d’une coentreprise avec deux grands permis au sud-ouest de Manono
Bataille industrielle à haut risque

La licence recherchée près de Manono dans le sud-est du Congo est revendiquée par l’AVz, qui a engagé une procédure d’arbitrage pour recouvrer le bien. Il a déclaré qu’en 2020, il prévoyait de construire une installation capable de produire 700 000 tonnes de concentré de lithium par an pendant deux décennies. Ce serait la plus grande mine de ce genre en dehors de l’Australie.
Droits annulés
L’AV-Bas basé à Perth a effectué des travaux d’exploration et a été sur le point d’ouvrir la construction lorsque le gouvernement a annulé ses droits en 2023. Le Congo a scindé le permis et a remis la partie nord au groupe minier chinois de zikinin. La roche Dure est située dans la partie sud.
Le gisement Roche Dure, initialement exploré par l’australien AVZ Minerals, attire désormais :
🔸 Rio Tinto qui complète son portefeuille (Serbie, Argentine)
🔸 KoBold Metals (financé par Gates/Bezos) ayant manifesté son intérêt en janvier
🔸 Zijin Mining exploitant déjà la partie nord après le retrait de licence d’AVZ
« Roche Dure est le dernier mega-gisement accessible à ce stade de la transition énergétique », souligne un analyste minier sous couvert d’anonymat.
Défis opérationnels majeurs
Malgré son expérience en Guinée et Mongolie, Rio Tinto devra surmonter :
⚠️ L’arbitrage en cours d’AVZ pour récupérer ses droits miniers
⚠️ Le manque criant d’infrastructures nécessitant des milliards d’investissements
⚠️ La concurrence féroce des groupes chinois et des start-up techno-minières
Certaines sources évoquent une possible coopération Rio-KoBold, bien que les deux acteurs avancent pour l’instant séparément.
Impact sur le marché mondial

Cette offensive congolaise s’inscrit dans la refonte stratégique de Rio Tinto :
• Désengagement des actifs marginaux (récent retrait du Rwanda)
• Concentration sur les métaux critiques (lithium, cuivre)
• Cible : figurer parmi les producteurs les moins chers d’ici 2028-2030
« Roche Dure deviendra soit le coup de maître de Rio en Afrique, soit un nouvel avertissement sur les complexités congolaises », prédit un insider du secteur.
À surveiller de près :
► L’arbitrage d’AVZ Minerals pour récupérer sa licence
► L’avancement de Zijin Mining dans la zone nord
► Les négociations USA-RDC sur l’accord minéraux-sécurité
► Les explorations adjacentes de KoBold près de Manono
Pourquoi c’est crucial
La réussite du projet positionnerait la RDC comme hub incontournable de la transition énergétique, tout en testant la capacité des majors occidentales à rivaliser avec la Chine en Afrique. Afrique, avec la RDC comme pièce maîtresse.
Par Basengezi Ntomo
CONGO PUB Online