La réouverture forcée de la CADECO par les rebelles du M23 il y a deux semaines rencontre d’importantes difficultés de fonctionnement, selon plusieurs experts économiques locaux consultés par Radio Okapi.
Cette initiative visant à relancer une activité bancaire dans la ville où toutes les institutions financières sont fermées depuis janvier se heurte à plusieurs obstacles majeurs. Le principal problème réside dans l’absence de code SWIFT, empêchant toute transaction internationale et limitant considérablement les opérations possibles.
La population locale manifeste une méfiance marquée envers cette structure. « Les gens restent prudents et hésitent à déposer leur argent », explique un expert économique sous couvert d’anonymat. Les opérateurs économiques partagent cette réticence, craignant l’instabilité politique et la légitimité de cette institution sous contrôle rebelle.
Les activités se limitent essentiellement à la perception de taxes, avec un système de crédit très restreint (200$ maximum par semaine et par ancien épargnant) qui ne parvient pas à relancer la circulation monétaire. « L’argent liquide ne circule pratiquement pas », constate un observateur.
La direction nationale de la CADECO, basée à Kinshasa, a fermement condamné cette réouverture dans un communiqué daté du 5 avril, la qualifiant d' »initiative illégale au service d’une occupation armée ». Elle appelle la population au boycott de cette structure qui ne respecte pas les normes bancaires établies.
Cette situation illustre les difficultés du M23 à mettre en place une administration fonctionnelle dans les territoires qu’il contrôle, alors que Goma souffre d’un isolement économique croissant depuis la fermeture de toutes les institutions financières en début d’année.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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