Le président Félix Tshisekedi a finalement rencontré ce samedi les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), après des mois d’attente. Cette audience, qualifiée de « mieux vaut tard que jamais » par certains observateurs, intervient dans un contexte de crise multiforme où l’Église catholique, autrefois médiatrice incontestée, voit son influence remise en question.
Une rencontre aux enjeux multiples
Les évêques et pasteurs ont présenté au chef de l’État les conclusions de leurs consultations avec divers acteurs politiques et sociaux, dans l’optique de proposer des pistes de sortie de crise. En réponse, Tshisekedi a annoncé la mise en place d’une équipe de travail chargée d’approfondir leurs recommandations.
Cependant, des sources proches des discussions révèlent que le président, bien qu’ouvert au dialogue, ne souhaite pas que le cardinal Fridolin Ambongo (CENCO) ou le pasteur André Muteba (ECC) en prennent la direction. « Oui, il veut un dialogue social, mais pas sous leur leadership », confie un témoin de la réunion.
La CENCO en perte de crédibilité ?
Autrefois considérée comme un acteur neutre et respecté, la CENCO fait aujourd’hui face à des critiques acerbes. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba a même ironiquement invité l’institution ecclésiale à « s’enregistrer comme parti politique » si elle entend continuer à s’immiscer dans les affaires de l’État.
Au sein même des fidèles catholiques, des voix s’élèvent pour contester sa représentativité. « La CENCO ne représente pas tous les catholiques congolais. Nous ne sommes pas obligés d’applaudir toutes ses initiatives », affirme un commentateur sous le pseudonyme de Maloba.
Fayulu en embuscade, les initiatives externes en échec
Alors que l’Église semble perdre du terrain, l’opposant Martin Fayulu se positionne comme un possible médiateur. Certains analystes y voient une manœuvre pour s’imposer comme un prétendant sérieux à la primature dans un éventuel gouvernement d’union nationale.
Par ailleurs, le texte souligne l’échec des médiations internationales (Doha, Nairobi, Angola, etc.), jugées inefficaces face à une crise qui nécessite, selon plusieurs observateurs, une solution purement congolaise.
Vers un dialogue réellement inclusif ?
Le président Tshisekedi insiste sur la nécessité d’une approche large, intégrant toutes les sensibilités politiques et sociales. Mgr Evariste Ejiba Yamapia, président de la plateforme des confessions religieuses, évoque la recherche d’un « cadre commun » pour un programme concerté.
Mais la question reste entière : ce dialogue parviendra-t-il à identifier les causes profondes des crises et à proposer des solutions durables ? Ou ne sera-t-il qu’une nouvelle manœuvre pour gagner du temps ?
Si cette rencontre marque un pas vers le dialogue, les défis restent immenses. Entre défiance envers les religieux, repositionnement de l’opposition et attentes populaires, la route vers une résolution pacifique de la crise congolaise semble encore longue. L’histoire s’écrit, les regards se croisent… et l’avenir dira si cette initiative aboutira à du concret.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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