Les autorités congolaises ont décidé de maintenir l’interdiction d’exporter du cobalt en provenance de la République démocratique du Congo pour une période supplémentaire de trois mois. L’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS) a officialisé cette mesure samedi 21 juin, dans un contexte de chute vertigineuse des cours mondiaux de ce minerai stratégique.
Une mesure de protection face à l’effondrement des cours
La décision initiale, prise le 22 février 2025, visait à enrayer la baisse continue des prix du cobalt. Aujourd’hui coté autour de 33 000 dollars la tonne sur les marchés internationaux, le métal a perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport à son pic de 80 000 dollars atteint en 2022. Cette dégringolade s’explique principalement par l’accumulation de stocks excédentaires au niveau mondial.
Patrick Mpoyi Luabeya, président du Conseil d’administration de l’ARECOMS, a précisé dans un communiqué que cette suspension s’applique à toutes les formes de production, qu’elles soient industrielles, semi-industrielles, artisanales ou à petite échelle. L’institution prévoit de réévaluer la situation dans trois mois pour décider d’un éventuel prolongement, d’un ajustement ou d’une levée de la mesure.
Stratégie nationale pour un minerai clé
Premier producteur mondial avec environ 70% de l’offre globale, la RDC tente ainsi de reprendre le contrôle sur un marché crucial pour son économie. Le cobalt, composant essentiel des batteries lithium-ion utilisées notamment dans les véhicules électriques, représente une manne financière vitale pour le pays.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large des autorités congolaises de mieux valoriser leurs ressources minières. Elle pourrait à terme inciter les acheteurs internationaux à renégocier leurs contrats et potentiellement stimuler les investissements dans la transformation locale du minerai, un objectif longtemps poursuivi mais rarement concrétisé.
Réactions contrastées du secteur
L’annonce suscite des réactions mitigées parmi les différents acteurs du secteur minier. Les grandes compagnies minières internationales présentes en RDC, comme Glencore ou CMOC, pourraient bénéficier d’une éventuelle remontée des prix mais déplorent des pertes de revenus à court terme.
Les mineurs artisanaux, déjà durement touchés par la chute des cours, craignent quant à eux une aggravation de leurs difficultés économiques. Par ailleurs, les principaux importateurs, au premier rang desquels la Chine, surveillent attentivement cette décision susceptible de perturber leurs chaînes d’approvisionnement.
Perspectives et défis
Si cette mesure protectionniste pourrait permettre à la RDC de mieux valoriser ses ressources, elle n’est pas sans risque. Les experts pointent notamment le danger d’une augmentation de la contrebande vers les pays voisins ou d’un ralentissement des investissements dans le secteur minier en période d’incertitude réglementaire.
Alors que le marché mondial des batteries électriques continue sa croissance, la RDC cherche à affirmer sa position dominante dans l’approvisionnement en cobalt. Les trois prochains mois seront déterminants pour évaluer l’efficacité de cette stratégie et son impact sur la filière minière congolaise.
L’ARECOMS a annoncé qu’elle procéderait à une évaluation complète de la situation à l’issue de cette période, prenant en compte l’évolution des cours mondiaux et les retours des différents acteurs de la filière.
Par Marius Bopenga
CONGO PUB Online