À l’occasion du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo, l’opposant Martin Fayulu a prononcé un discours marqué par un appel à l’unité nationale, tout en exprimant des réserves sur l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda sous médiation américaine.
Un accord de Washington « perfectible », mais une opportunité à saisir
Fayulu a salué l’accord signé le 27 juin à Washington comme une « dynamique positive », tout en appelant à la vigilance. « Bien qu’imperfectible, [cet accord] peut représenter une opportunité de faire taire les armes et de créer les conditions d’un apaisement durable », a-t-il déclaré. Cependant, il a insisté sur le fait qu’« aucune signature ne saurait remplacer la volonté résolue d’un peuple à défendre sa terre, à reconstruire ses institutions et à tenir debout ».
Il a également dénoncé l’instrumentalisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) comme prétexte pour justifier les agressions contre la RDC, appelant la communauté internationale à faire respecter la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU. « La question des FDLR […] ne doit pas être indéfiniment imputée au Congo. L’agression que subit la RDC ne peut être maquillée sous l’expression de mesures de défense », a-t-il martelé.
Un constat alarmant sur la situation sécuritaire et humanitaire
Fayulu a dressé un tableau sombre de la situation en RDC, soulignant que :
- Plus de 100 localités, dont des villes majeures comme Goma et Bukavu, sont sous contrôle du M23, soutenu par le Rwanda.
- Les ADF continuent de semer la terreur au Nord-Kivu.
- Certaines zones de l’Ituri sont occupées par l’armée ougandaise.
- La milice Mobondo étend ses violences dans le Bandundu, près de Kinshasa.
Sur le plan humanitaire, il a rappelé que :
- 25 millions de Congolais ont besoin d’assistance.
- 7 millions sont déplacés internes.
- 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë.
« Derrière ces chiffres, il y a des vies, des douleurs, des familles, et nous ne pouvons en conscience détourner le regard », a-t-il insisté, dénonçant une « culture du déni et du rejet des responsabilités ».
Un appel à un dialogue national sous médiation spirituelle
Pour Fayulu, la solution passe par un sursaut national et un dialogue inclusif, facilité par les chefs spirituels du pays, afin de « penser nos plaies, dire nos vérités et reconstruire la confiance ».
Il a rappelé sa rencontre avec le président Tshisekedi le 5 juin, ainsi que ses échanges avec d’autres acteurs politiques, affirmant sa volonté de « travailler dans un esprit de responsabilité et d’ouverture ». « L’heure ne plaît pas aux antagonismes stériles, mais à la réconciliation et à la cohésion nationale », a-t-il déclaré.
En conclusion, il a lancé un appel solennel : « Ne trahissons pas notre histoire. Ne trahissons pas notre peuple. Ne trahissons pas l’espérance. »
Ce discours, à la fois critique et constructif, souligne les défis immenses auxquels fait face la RDC, tout en proposant des pistes pour une sortie de crise durable.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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