Le président rwandais Paul Kagame a reçu ce vendredi l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, l’un des facilitateurs désignés par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) pour le processus de paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Les deux dirigeants ont tenu un tête-à-tête à Kigali, officiellement axé sur « les efforts en cours pour une paix durable en RDC et l’analyse des causes profondes du conflit ». Cependant, cette rencontre intervient dans un contexte de fortes tensions régionales, alimentant les spéculations sur d’éventuelles manœuvres politiques derrière les apparences diplomatiques.
Un dialogue sous haute surveillance
Alors que la rébellion du M23, soutenue selon plusieurs rapports internationaux par Kigali, continue de contrôler des zones clés du Nord-Kivu, cette discussion entre Kagame et Kenyatta suscite des interrogations. Les autorités congolaises et une partie de l’opinion publique y voient une « conspiration » après les récentes pressions américaines sur Kinshasa pour un dialogue avec les rebelles.
Uhuru Kenyatta, en tant que médiateur régional, est censé œuvrer pour une solution inclusive. Pourtant, sa rencontre avec Kagame, sans la présence des représentants congolais, laisse planer le doute sur une possible approche unilatérale qui ignorerait les préoccupations de la RDC.
Washington dans l’équation ?
Cette rencontre fait suite aux récentes déclarations des États-Unis, qui ont exhorté Kinshasa à « engager un dialogue direct avec le M23 », une position perçue comme un soutien indirect aux rebelles. Le timing de ces discussions alimente ainsi les craintes d’une coordination entre Kigali, certains acteurs régionaux et les puissances occidentales pour imposer une solution favorable au M23.
La RDC en alerte
Le gouvernement congolais, qui réclame depuis des mois le retrait inconditionnel du M23 et la fin du soutien rwandais aux rebelles, observe avec méfiance ces développements. Pour Kinshasa, toute négociation doit passer par un cadre légitime, excluant les groupes armés et respectant la souveraineté congolaise.
Alors que les pourparlers se multiplient en coulisses, la question reste entière : s’agit-il d’une réelle volonté de paix ou d’une manœuvre pour légitimer l’agenda du M23 et ses soutiens ?
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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