Le colonel Daniel Mukalay, condamné à 15 ans de prison pour son implication dans le double meurtre du défenseur des droits humains Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, a recouvré la liberté après avoir purgé l’intégralité de sa peine.
Un procès historique aux multiples rebondissements

Arrêté en 2011, Mukalay avait été reconnu coupable par la justice militaire pour avoir organisé le guet-apens ayant conduit à la mort de Chebeya, directeur exécutif de La Voix des Sans Voix (VSV), et à la disparition de Bazana, dont le corps n’a jamais été retrouvé.
- Condamné à mort en première instance, sa peine avait été réduite à 15 ans de prison en appel, la Haute Cour militaire invoquant son statut de « délinquant primaire ».
- Un témoin étranger l’avait formellement identifié comme celui qui avait interrogé Chebeya à l’Inspection générale de la police, la veille de son assassinat.
- Son avocat, Me Stéphane Kezza, avait dénoncé une « détention arbitraire », arguant que Mukalay avait déjà purgé sa peine et qu’il n’avait jamais plaidé coupable, n’ayant été informé du meurtre que le jour même des faits.
Une affaire toujours sensible, entre justice et impunité

La libération de Mukalay relance le débat sur l’équité de la justice congolaise, notamment envers les militaires comparés aux hommes politiques. Elle intervient dans un contexte où l’affaire Chebeya-Bazana reste un symbole des violences politiques impunies en RDC.
Les organisations de défense des droits humains continuent d’exiger vérité et justice, dénonçant les zones d’ombre persistantes autour de ce dossier. Pour beaucoup, cette libération, bien que légale, rappelle que les commanditaires de ce crime n’ont toujours pas été inquiétés.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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