La Haute Cour militaire a décidé ce jeudi 7 août 2025 de reporter au 21 août prochain l’audience des plaidoiries dans le cadre du procès historique de l’ancien président Joseph Kabila. Cette décision intervient après l’examen minutieux de plusieurs éléments de preuve qui ont marqué cette troisième audience.
Au cœur des débats, une interview accordée par l’ancien chef de l’État à RFI a été lue à la barre par la greffière principale. Dans cette déclaration médiatique, Joseph Kabila aurait reconnu collaborer avec le mouvement AFC/M23, présenté comme « une voie pour la reconquête du pouvoir » après six ans de « repos » suivant sa passation de pouvoir. Ce témoignage audio constitue une pièce maîtresse du dossier d’accusation.
L’audience a également été marquée par la projection d’images montrant l’ancien président aux côtés de Corneille Nangaa, coordonnateur du mouvement rebelle. Le lieutenant général Likulia, chef du parquet général militaire, a commenté ces photos en soulignant que « le subordonné se met toujours à gauche et le responsable à droite », insinuant ainsi le rôle dirigeant de Kabila dans cette organisation.

Un autre élément explosif a été versé au dossier : une interview de l’ancien ministre de la Défense Ngoy Mukena affirmant avoir reçu pour mission de créer une fausse identité congolaise pour Joseph Kabila. Les avocats de la République ont approfondi cette piste en révélant que la signature « HK » utilisée par l’accusé correspondrait aux initiales de « Hyppolite Kanambe », jetant ainsi le doute sur l’identité officielle de l’ancien président.

Comme lors des audiences précédentes, Joseph Kabila et son équipe d’avocats ont une nouvelle fois brillé par leur absence, un fait qui n’a pas manqué d’alimenter les commentaires dans l’opinion publique.
Du côté du mouvement AFC/M23, la réaction a été vive. Freddy Kaniki, coordonnateur adjoint, a dénoncé ce procès comme « un recul dans les négociations de Doha » et une preuve de « mauvaise foi » de la part des autorités de Kinshasa, alors que les discussions de paix prévoyaient selon lui la libération des personnes soupçonnées de liens avec le mouvement rebelle.
La partie civile, représentée par Maître Richard Bondo, a annoncé son intention de verser au dossier des pièces supplémentaires pour étayer ses arguments en vue d’obtenir réparation. Ces nouveaux éléments pourraient concerner aussi bien la question de l’identité que les charges principales retenues contre l’ancien président : trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, complot et apologie du terrorisme.
La prochaine audience du 21 août s’annonce donc comme un moment crucial de ce procès hors norme, où les différentes parties présenteront leurs plaidoiries finales. Ce rendez-vous judiciaire, qui fait suite à une décision du Sénat congolais, continue de polariser profondément la société congolaise et pose des questions fondamentales sur la justice transitionnelle et les équilibres politiques en République Démocratique du Congo.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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