Dans une déclaration ferme devant le corps diplomatique, le ministre burundais des Affaires étrangères, Édouard Bizimana, a accusé ce dimanche le Rwanda de poursuivre des « activités déstabilisatrices » à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC). Il a catégoriquement exclu tout retrait des troupes burundaises déployées en sol congolais avant que leur mission ne soit « pleinement accomplie ».
Un rejet net des appels au retrait et un hommage aux troupes
Face aux pressions internationales croissantes, le ministre a adopté une position inflexible. « Seule la RDC peut décider d’un éventuel retrait », a-t-il insisté, rejetant les appels à un rapatriement immédiat des forces burundaises, dont les effectifs sont estimés à environ 15 000 hommes selon plusieurs sources.
M. Bizimana a rendu hommage à ces militaires, affirmant que leur déploiement, effectué en accord avec Kinshasa dans le cadre d’une mission conjointe, vise à « protéger les frontières du Burundi, les citoyens et leurs biens ». Il a dénoncé ce qu’il a qualifié de « stratégies de diversion » de la part de Kigali pour justifier des appels à leur retrait.
Accusations directes contre Kigali et inquiétudes sécuritaires
Le ministre a dénoncé la poursuite des hostilités « malgré les accords de cessez-le-feu et de restauration de la paix » récemment signés, visant implicitement les Accords de Washington. Il a accusé le Rwanda de continuer à « déployer ses soldats » et à « mener des attaques » contre les positions des Forces de défense nationale du Burundi (FDNB) en RDC.
Pour illustrer la tension, il a évoqué un bombardement dans la province burundaise de Cibitoke qui a fait deux morts civils, une femme et un enfant de 12 ans, invitant les organisations internationales à suivre de près ces développements.
Un discours mêlant assurance et mise en garde
Tout en assurant que « la sécurité du pays et de ses frontières est pleinement assurée » et en appelant les Burundais à vaquer à leurs occupations « sans céder à la peur », le ministre a lancé un avertissement sans ambiguïté : toute attaque visant les civils burundais ou les soldats déployés en RDC « ne sera jamais tolérée ».
Il a néanmoins conclu en réaffirmant la volonté de Bujumbura de « privilégier une coexistence pacifique avec ses voisins », dans un équilibre diplomatique classique entre démonstration de force et ouverture au dialogue.
Une région sous haute tension
Cette prise de position intervient dans un contexte de crise multidimensionnelle dans l’Est de la RDC, où se mêlent :
- L’offensive du M23, soutenu selon l’ONU par le Rwanda.
- Le déploiement de forces étrangères (Rwanda accusé, Burundi présent, autres contingents de la communauté est-africaine).
- Des processus diplomatiques parallèles et fragiles (Washington, Doha).
La déclaration de Bujumbura consolide le front des capitales opposées à Kigali (Kinshasa, Bujumbura) et complexifie davantage les équations sécuritaire et diplomatique, renforçant la dimension régionale du conflit congolais. Elle signale que tout accord de paix devra nécessairement prendre en compte les intérêts et les préoccupations sécuritaires du Burundi.
Par Pascal Kabeya
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