Procès Lumbala à Paris : Un témoin clé de la défense auditionné dans une atmosphère tendue

par admin9775

Le procès de Roger Lumbala, ancien chef rebelle congolais jugé pour crimes contre l’humanité devant la cour d’assises de Paris, a connu mercredi une audience chargée avec l’audition d’un témoin à décharge venu de Kinshasa par visioconférence. Cette audition, longue de plus de deux heures, a offert un éclairage interne sur la structuration du Rassemblement congolais pour la démocratie–National (RCD-N) dans les années 2000, mais a aussi été marquée par un incident révélant les tensions entourant ce procès historique.

Un témoignage sur l’organisation du pouvoir rebelle

L’homme, ancien cadre administratif du RCD-N, a décrit l’arrivée de Roger Lumbala à Bafwasende en 2000, dans un contexte de guerre et de succession de mouvements rebelles. « La population ne pouvait rien dire. Nous nous sommes ralliés pour protéger nos fonctions », a-t-il déclaré, esquissant un tableau de résignation et de pragmatisme.

Il a détaillé son parcours au sein de l’administration rebelle, nommé d’abord « ministre » de la Mobilisation et de la Propagande par Lumbala, puis aux Finances et aux Impôts. Interrogé sur l’idéologie du mouvement, il a répondu qu’il n’y en avait « pas », seulement une « gestion territoriale » et une opposition au président congolais de l’époque, Laurent-Désiré Kabila.

Soutiens militaires et création de taxes

Le témoin a confirmé le soutien militaire de l’Ouganda au RCD-N, ainsi que l’appui des forces du RCD/K-ML de Mbusa Nyamwisi. Concernant la question financière, centrale dans l’accusation, il a reconnu la « création de nouvelles taxes » pour faire fonctionner le territoire, tout en semblant prendre ses distances avec l’intitulé « effort de guerre » mentionné par la cour.

Un incident révélateur des pressions présumées

L’audience a basculé vers le conflit lorsque le président de la cour, Marc Summerer, a interrogé le témoin sur d’éventuelles pressions exercées sur des témoins. Ce dernier a immédiatement noté un nom sur une feuille, un geste qui a provoqué l’agacement du président et l’intervention de l’avocate générale demandant le retrait du document.

L’homme a finalement reconnu avoir rencontré une partie civile dans un restaurant à Kisangani et avoir discuté avec elle, tout en niant fermement toute menace. Cet épisode a mis en lumière l’atmosphère de défiance et les craintes qui planent sur ce procès, où la parole des témoins est scrutée avec une extrême méfiance.

Éléments factuels et fin de l’audience

Le témoin a apporté des éléments factuels, situant l’arrivée de Lumbala en 2000 lors de la guerre entre le Rwanda et l’Ouganda, et niant avoir jamais vu Jean-Pierre Bemba sur zone. Il a également corroboré la présence de miliciens Maï-Maï portant des « sexes » en trophée, un fait atroce déjà évoqué lors du procès.

En fin d’audience, le président a procédé à un rappel solennel des éléments constitutifs du crime contre l’humanité et des formes de complicité, réaffirmant le cadre juridique grave dans lequel s’inscrit ce procès pour des faits remontant à plus de vingt ans, mais dont l’écho résonne encore douloureusement en RDC. L’audience se poursuivra pour tenter de démêler, à travers d’autres témoignages, les responsabilités individuelles au sein de la machine de guerre et d’administration qu’était le RCD-N.

Par Pascal Kabeya
CONGO PUB Online

10 Vues

vous pourrez aussi aimer

10 Vues

Congo Pub Online.com est une plateforme en ligne d’annonces et de publications qui fait partie des services médias de NCM SARLU. Nous sommes la plateforme en ligne idéale spécifiquement dédiée à la communication et à la promotion de vos produits et services.

©2022 Congopubonline. Conçu et développé par Fenx.