Est de la RDC: les habitants fuient Uvira au lendemain de l’entrée de l’AFC/M23

par admin9775

En République démocratique du Congo, malgré la signature des accords de paix de Washington le 4 décembre dernier, la situation sécuritaire et humanitaire s’est de nouveau dégradée. Le groupe armé FAC-M23 soutenu par le Rwanda voisin a lancé une offensive jusqu’à la ville d’Uvira. Depuis ce mercredi, les rebelles ont investi ce qui était depuis la chute de Bukavu le siège des autorités provinciales du Sud-Kivu.

La première conséquence de cette nouvelle offensive, c’est une dégradation de la situation humanitaire de la région, qui était déjà difficile, souligne notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi.

Les autorités provinciales du Sud-Kivu ont dressé, dans un communiqué signé de Baraka, tout au sud de la province, un premier bilan de ces affrontements. Plus de 400 civils ont été tués par balles, dont des femmes et des enfants. Des blessés ont été acheminés vers Bujumbura, de l’autre côté de la frontière, avant sa fermeture, « pour être soignés, mais surtout pour être mis à l’abri d’éventuelles représailles », explique un responsable.

Pour les humanitaires, l’urgence est de pouvoir acheminer à Uvira — qui manque d’eau et d’électricité depuis plusieurs jours – et dans la zone des intrants et des équipes médicales. Des stocks sont arrivés à Bujumbura, mais ne peuvent être acheminés en RDC pour l’instant.

Des milliers de déplacés

Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), en un peu plus d’une semaine, plus de 200 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du Sud-Kivu. Des dizaines de milliers d’autres ont traversé la frontière vers les pays voisins, Rwanda et Burundi notamment. 

Dès mardi, la ville d’Uvira avait commencé à se vider. Mercredi, des milliers d’habitants ont encore fui vers la frontière burundaise, à pied ou à moto. « J’ai quitté Uvira mardi, lorsqu’on a su que des localités étaient en train de tomber entre les mains du M23. Nous qui soutenions le régime de Kinshasa, nous qui soutenions les jeunes Wazalendo, alors, on a eu peur. (…) Les voisins m’ont dit de quitter la ville », témoigne un membre de la société civile, qui a fui mardi vers Bujumbura. La fermeture de la frontière burundaise a ensuite été confirmée par plusieurs sources sécuritaires.

Ceux qui sont restés ont passé la journée de mercredi calfeutrés chez eux, au rythme des détonations et des tirs, « Avec l’arrivée des éléments de l’AFC/M23, toute la population est restée enfermée dans les maisons. Il y a eu des échanges de coups de balles pendant la journée », rapporte un habitant au micro de Florence Morice, de la rédaction Afrique de RFI.

Avec l’arrivée des éléments de l’AFC/M23, toute la population est restée enfermée dans les maisons. Il y a eu des échanges de coups de balles pendant la journée. Dès qu’ils sont arrivés avec quelques éléments des Wazalendo qui ont résisté dans la ville, dans plusieurs artères de la ville. Et après ça, la population est restée enfermée dans leurs maisons. Et jusque tard dans cette soirée, il n’y a pas de sortie encore. Tout le monde est calme dans sa maison.

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Un habitant raconte la chute UviraFlorence Morice

La RDC et le Burundi accusent Kigali de violer l’accord de paix

À Kinshasa, les autorités dénoncent « une violation du cessez-le-feu ». Nous attendons que Washington, garant de l’accord de paix, puisse contraindre le Rwanda à quitter le territoire congolais, a déclaré Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement. Pour la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Wagner, l’administration Trump doit « restaurer la crédibilité » de sa médiation ajoutant : « Il ne suffit pas de condamner. Il ne suffit pas d’être préoccupé ou inquiet. On compte des milliers de morts et l’inquiétude n’est pas le sujet. »

Mercredi, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, avait dénoncé « une situation inacceptable ». « Nous savions que le Rwanda n’était pas de bonne foi dès le début du processus, mais il fallait les confronter jusqu’au bout parce que nous, nous croyons à la médiation américaine », a-t-il expliqué.

Selon lui, le président de la République avait déjà « mis le poing sur la table » lors des échanges à la Maison-Blanche, et quelques jours plus tard, « les faits lui donnent raison ». Patrick Muyaya évoque des « offensives généralisées » menées par le Rwanda et « son fils, le M23 », rappelant que plusieurs partenaires internationaux ont publié des communiqués unanimes pour condamner ces opérations. « C’est un bon début, mais ce n’est pas suffisant », insiste-t-il, « il [le Rwanda, NDLR] ne peut pas se permettre de faire un camouflet au président américain ».

« Le fait que le Rwanda sape un accord salué unanimement par le monde entier est une preuve supplémentaire qu’ils n’ont aucune considération pour le droit international. Nous exigeons des sanctions pour s’assurer que l’accord produise les effets escomptés », conclut-il.

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, estime que l’offensive à Uvira «inacceptable»Pascal Mulegwa

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Le Burundi, qui entretient depuis longtemps des relations tendues avec Kigali, voit dans cette avancée rebelle une menace directe pour sa propre sécurité. Dans un communiqué publié depuis Baraka, à 90 km au sud d’Uvira, le porte-parole du gouvernorat provincial a dénoncé une « violation manifeste du cessez-le-feu et des accords de Washington ».

Kigali rejette les accusations et demande le retrait des forces burundaises

Le gouvernement rwandais a, lui, renvoyé la responsabilité à Kinshasa et à Gitega. Mercredi, Kigali a accusé la RDC et le Burundi de « violations délibérées » du processus de paix. Dans une interview accordée à la télévision nationale, le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a exigé le retrait des forces burundaises du Sud-Kivu. « Il n’y a qu’une option possible pour le Burundi : le retrait de ses forces du Sud-Kivu s’il veut la paix dans la région », a-t-il déclaré, rapporte notre correspondante à Kigali, Lucie Mouillaud. « Et ici, je tiens à réaffirmer l’engagement du Rwanda pour la paix. Ce qu’il faut maintenant, c’est une mise en œuvre stricte du cessez-le-feu qui inclut le retrait des troupes burundaises et l’arrêt de leurs frappes aériennes ».

Réagissant également au communiqué du Groupe de contact – signé notamment par les États-Unis et plusieurs pays européens –, qui demande à l’AFC/M23 et aux forces rwandaises de cesser « immédiatement » leur offensive, le chef de la diplomatie rwandaise a dénoncé un « parti pris occidental ». « C’est comme si les pays occidentaux se réveillaient uniquement lorsque celui qui est attaqué répond aux frappes. Il faut qu’il y ait une cohérence de la part de la communauté internationale, surtout des pays occidentaux », a-t-il insisté.

Pour le ministre, toutes les parties doivent désormais respecter leurs engagements pris dans l’accord signé à Washington la semaine dernière. Un accord qui demeure, selon un communiqué du gouvernement rwandais publié mercredi, « la voie la plus viable vers la paix dans la région des Grands Lacs ».

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Les localités d'Uvira, Sange et Luvungi dans le  Sud-Kivu, une province de l'est de la RDC.
Les localités d’Uvira, Sange et Luvungi dans le Sud-Kivu, une province de l’est de la RDC. © RFI
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