Tout au long de la campagne, les deux hommes politiques ont multiplié les attaques personnelles très violentes. Onze ans après, Lula retrouve le pouvoir.
Le retour au pouvoir. Dimanche 30 octobre, Luiz Inácio Lula da Silva, plus connu sous le nom de Lula, s’est imposé face au président sortant Jair Bolsonaro, selon les résultats du Tribunal supérieur électoral. Tout au long de la soirée, les résultats sont restés serrés. L’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) a été élu dimanche à la tête du Brésil en battant de justesse le président d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro, à 50,84 % contre 49,16 %, selon les résultats officiels quasi définitifs. C’est l’écart le plus serré entre deux finalistes de la présidentielle depuis le retour à la démocratie après la dictature militaire (1964-1985).
La marge est bien plus étroite que ce que prédisaient les sondages, qui avaient déjà sous-estimé le score de Jair Bolsonaro avant le premier tour.
L’ex-sidérurgiste de 77 ans, qui avait connu la prison pour corruption (2018-2019) avant de voir ses condamnations annulées par la justice, effectue un spectaculaire retour au sommet de l’État au terme d’une campagne délétère qui a divisé le pays.
Ces derniers mois, Lula était donné gagnant dans les sondages, bien que son avance se soit réduite au fil des semaines. Les bureaux de vote avaient fermé dimanche à 17 heures (21 heures, à Paris) au Brésil où 156 millions d’électeurs étaient appelés à départager l’ex-président de gauche Lula, favori de la présidentielle, et le chef d’État sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. Cette élection a été l’une des plus polarisées de l’Histoire moderne de l’immense pays, mais s’est apparemment déroulée sans violences.
Le président français, Emmanuel Macron, a félicité dimanche soir Lula, dont l’élection « ouvre une nouvelle page de l’histoire du Brésil ».
« Ensemble, nous allons unir nos forces pour relever les nombreux défis communs et renouer le lien d’amitié entre nos deux pays », a écrit le chef de l’État dans un message sur Twitter, quelques minutes après l’annonce des résultats de la présidentielle brésilienne.
Des alliances pour gouverner
Après cette victoire serrée, Lula va devoir composer avec un Parlement qui penche clairement à droite et devra nouer des alliances pour gouverner.
Jair Bolsonaro est le premier président se présentant à un second mandat à ne pas être réélu depuis le retour à la démocratie en 1985. Sa réaction est très attendue : après avoir lancé des attaques incessantes contre le système « frauduleux » des urnes électroniques, il a affirmé vendredi : « celui qui a le plus de voix gagne. C’est la démocratie » – sans convaincre.
Quand il a voté dans la matinée, Lula a espéré que « le gouvernement (Bolsonaro) sera civilisé et comprendra qu’une saine transition est nécessaire ». « J’espère que si je gagne l’élection, il aura un moment de sagesse et me téléphonera pour reconnaître le résultat », avait dit Lula lundi dernier.
Beaucoup craignent une réplique brésilienne de l’assaut du Capitole après la défaite de Donald Trump qui pourrait viser par exemple la Cour suprême si souvent vilipendée par Bolsonaro. « Bolsonaro va remettre en question le résultat », estimait à la veille du scrutin Rogerio Dultra dos Santos, de l’Université fédérale de Fluminense.
Des barrages routiers polémiques
Ce second tour a été marqué par une vive polémique autour de barrages filtrants de la Police routière fédérale (PRF) qui ont retenu les électeurs, notamment dans les régions pauvres du nord-est, fief électoral de Lula. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos montraient des embouteillages monstres ou des autocars transportant des électeurs bloqués dans les barrages.
Mais Alexandre de Moraes, président du Tribunal supérieur électoral, a toutefois relativisé ces problèmes, affirmant en conférence de presse que, malgré des retards, « aucun autocar n’a rebroussé chemin et tous les électeurs ont pu voter ».
Douze gouverneurs d’États brésiliens ont également été élus dimanche, dont le bolsonariste Tarcisio de Freitas dans l’État de Sao Paulo, le plus peuplé et le plus riche du Brésil.
LE POINT via CONGO PUB Online





