Une délégation militaire de haut niveau des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) s’est entretenue ce matin avec le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’armée ougandaise (UPDF), dans le cadre de l’opération conjointe Shujaa contre les Forces démocratiques alliées (ADF). Cette rencontre stratégique vise à optimiser la lutte contre cette rébellion active dans l’Est de la RDC depuis plus de deux décennies.
Une coordination militaire renforcée

La délégation congolaise, conduite par les majors généraux Nyembo Abdallah (commandant du secteur d’Ituri) et Mandevu Bruno (commandant du Nord-Kivu), a abordé plusieurs axes prioritaires :
- L’évaluation des opérations en cours contre les bastions des ADF dans les territoires de Beni, Lubero (Nord-Kivu), Irumu et Mambasa (Ituri).
- Le partage de renseignements pour anticiper les mouvements des insurgés.
- L’harmonisation des stratégies offensives, incluant des patrouilles conjointes et des frappes ciblées.
L’opération Shujaa, un front commun malgré les tensions passées
Malgré des relations historiquement complexes entre Kinshasa et Kampala, l’opération Shujaa (lancée en 2021) incarne une rare collaboration militaire entre les deux pays. Les ADF, affiliés à l’État islamique en Afrique centrale, restent une menace majeure :
- Plus de 200 civils tués depuis janvier 2024 dans des attaques attribuées au groupe.
- 50 000 déplacés dans les zones frontalières.
- Un financement lié au trafic d’or et de bois, selon les experts.
Défis et perspectives
Les défis opérationnels persistent, notamment la densité des forêts tropicales qui servent de refuge aux insurgés. Pour y faire face, les deux armées envisagent :
- Le déploiement de forces spéciales dans les foyers de tension.
- L’établissement de nouvelles bases avancées près des axes stratégiques.
- Une campagne de sécurisation des populations locales, souvent prises pour cibles.
Analyse :
« Cette coopération est un test pour la stabilité régionale », estime le professeur Nkosi, spécialiste des conflits en Afrique centrale. « Son succès dépendra de la transparence entre partenaires et de la pression maintenue sur les soutiens logistiques des ADF. »
Les prochaines semaines seront déterminantes pour juger de l’efficacité de cette alliance militaire, alors que les attaques se multiplient. Les deux pays affirment leur volonté d’éradiquer la menace avant la fin de l’année, mais la complexité du terrain et les enjeux politiques locaux pourraient prolonger le combat.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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