La province du Haut Katanga connaît un changement à sa tête. Martin Kazembe, jusqu’alors vice gouverneur, assure désormais l’intérim du gouvernorat suite à la suspension temporaire de Jacques Kyabula Katwe. Cette décision des autorités centrales fait suite au refus persistant du gouverneur de répondre à une convocation officielle à Kinshasa.
Une convocation restée sans réponse
Le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a officialisé cette mesure par un télégramme daté du 8 juillet dernier. Le document précise que cette décision vise à préserver la continuité administrative de la province. Le gouverneur Kyabula, bien que sommé à plusieurs reprises de se présenter à Kinshasa, a invoqué des raisons de santé pour justifier son absence.
Des déclarations politiques qui font polémique
L’origine de cette crise remonte au 30 juin dernier, lorsque Jacques Kyabula Katwe a tenu des propos jugés controversés lors d’un meeting politique à Lubumbashi. Le gouverneur avait alors qualifié Joseph Kabila et Corneille Nangaa de « Congolais », appelant à régler les différends politiques « en famille ». Ces déclarations ont provoqué un tollé au sein de la majorité présidentielle.
Plusieurs interprétations ont circulé quant à ces propos :
Certains y ont vu une marque de sympathie envers l’Alliance Fleuve Congo
D’autres ont décelé un possible rapprochement avec des éléments liés au M23
D’autres encore ont jugé cette position trop conciliante dans le contexte actuel
Un climat politique tendu
Cette suspension intervient dans un environnement politique particulièrement sensible marqué par :
Une recomposition des alliances au niveau national
Une méfiance accrue envers les responsables soupçonnés de jouer double jeu
Des tensions persistantes dans l’est du pays
Martin Kazembe, nouveau patron de l’exécutif provincial par intérim, devra relever plusieurs défis majeurs. Il lui faudra maintenir la stabilité administrative de la province, gérer les tensions politiques locales exacerbées par cette crise et préparer la province aux éventuelles conséquences de cette décision venue de Kinshasa.
Quel avenir politique pour Kyabula Katwe ?

Le devenir politique de l’ancien gouverneur dépendra de plusieurs facteurs. Sa capacité à se justifier devant les autorités nationales sera déterminante, tout comme l’évolution des rapports de force au sein de la majorité présidentielle. La réaction des différents acteurs politiques katangais pèsera également dans la balance.
Cette affaire illustre la sensibilité accrue du pouvoir central face aux déclarations pouvant suggérer un rapprochement avec l’opposition ou des groupes armés. Elle démontre également la volonté de Kinshasa d’affirmer son autorité sur les gouverneurs provinciaux, particulièrement dans des régions stratégiques comme le Haut Katanga, cœur économique du pays.
Par Pascal Numbi, correspondant à Lubumbashi
CONGO PUB Online