La résidence privée de Me Joseph Kazibaziba Mahombi, vice-président national de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), a été violemment attaquée jeudi dernier par des hommes armés identifiés comme appartenant au groupe rebelle M23. Située dans le quartier résidentiel de Muhumba à Bukavu, la propriété a subi d’importants dégâts matériels, forçant ses occupants à fuir précipitamment et semant la panique dans le voisinage.
Cette agression s’inscrit dans une série d’attaques systématiques contre cet entrepreneur respecté du Kivu, figure majeure du secteur minier formel. Depuis février 2025, Me Kazibaziba subit une escalade de violences :
- Occupation illégale du siège de sa société CJX Minerals transformé en base rebelle
- Vol de 33 tonnes de minerais stratégiques (étain, tantale, tungstène) représentant plus de 2 millions USD
- Pillage de véhicules et équipements industriels
- Vandalisation de sa résidence secondaire à Kavumu
- Démantèlement complet d’une unité de traitement à Goma
Le préjudice total dépasse désormais les 6 millions de dollars, selon des sources proches du dossier.
Un patriote qui dérange
Les motivations derrière cette persécution semblent claires pour l’entourage de l’entrepreneur : Me Kazibaziba, par son engagement pour une exploitation transparente des ressources naturelles, gênerait les réseaux mafieux liés au M23. Pionnier de la traçabilité des minerais stannifères, il compte parmi les plus importants exportateurs congolais de minerais 3T, contribuant significativement aux recettes publiques.
Son rôle a été déterminant dans la réforme du secteur aurifère artisanal, permettant à la RDC de passer de 25 kilos d’or exportés officiellement par an à près de 10 tonnes en 2025, avec une projection de 50 tonnes (soit 5 milliards USD) d’ici cinq ans. Cette réussite exemplaire semble lui avoir valu une vendetta.
Des conséquences humaines dramatiques
Au-delà des pertes matérielles, l’impact social est considérable : plus de 300 employés de CJX Minerals sont actuellement en congé technique, plongeant des centaines de familles dans la précarité dans une région déjà fragilisée par des crises multiples.
Un silence troublant
Me Joseph Kazibaziba apparaît aujourd’hui comme la première victime économique majeure du M23 au Kivu, symbole d’une résistance entrepreneuriale sous pression. Son entourage s’interroge avec amertume sur l’indifférence face à ce harcèlement systématique : « Combien d’autres patriotes devront être pris pour cible avant une réaction appropriée ? »
Cette affaire met en lumière les défis auxquels font face les entrepreneurs engagés dans la formalisation de l’économie congolaise, particulièrement dans les zones en proie à l’insécurité. Elle pose également la question de la protection des acteurs économiques nationaux dans un contexte de conflit persistant dans l’Est du pays.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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