Dans une réponse argumentée et sans concession, Jean-Marc Kabunda a répondu ce jeudi aux attaques de Jean-Claude Vuemba, recentrant le débat sur ce qu’il qualifie de « vérités essentielles éclipsées par une mémoire sélective ». Le ton est donné dès les premières lignes : il s’agit moins d’une simple réplique que d’un cours de politique et de patriotisme.
Fayulu, un élu du peuple, non un collaborateur
Kabunda rétablit d’emblée une distinction fondamentale : « Martin Fayulu n’a jamais été un figurant du régime Kabila, mais un élu du peuple ». Il rappelle que le mandat de Fayulu à l’Assemblée nationale « émanait de la volonté souveraine des Congolais » et non d’une nomination, soulignant qu’« exercer un mandat constitutionnel n’est pas collaborer ; c’est servir la République ».
L’auteur renvoie aussi son contradicteur à l’histoire, évoquant le rôle de Fayulu qui, dès 2009, a porté la candidature d’Étienne Tshisekedi sur les scènes internationale, et piloté en 2010 la dynamique « Tshisekedi Président ». Un engagement bien antérieur, selon lui, à celui de Vuemba.
Clarifications sur les actions controversées
Kabunda prend soin de décortiquer les épisodes utilisés pour critiquer Fayulu. La signature du communiqué avec Joseph Kabila ? Un « appel républicain à la transparence électorale », et non une alliance. La rencontre avec Félix Tshisekedi ? Une action « dans un esprit de responsabilité nationale » pour soutenir le dialogue, et non une pactisation.
Sur la question rwandaise, la réponse est sans ambiguïté : « Fayulu n’a jamais varié ». L’auteur affirme que ce dernier a toujours désigné le Rwanda comme agresseur et a préconisé, avant beaucoup, la rupture des relations diplomatiques avec Kigali.
La leçon d’histoire et la trahison des “anciens disciples”
La réplique atteint son paroxysme lorsque Kabunda reprend le terme de « maître d’école » employé par Vuemba. « Fayulu est effectivement un maître en patriotisme et en cohérence politique. Ses anciens disciples, en revanche, ont trahi la leçon », assène-t-il, pointant du doigt ceux qui se rangent « derrière ceux qui participent à la balkanisation du Congo ».
Conclusion : le choix entre les patriotes et les opportunistes
La conclusion sonne comme un verdict. « On ne sauve pas la patrie en collaborant (…) avec ses bourreaux », écrit Kabunda, suggérant que le mouvement de Vuemba « peine à convaincre le peuple » assoiffé de paix et non de violence.
Le message se clôt sur une affirmation forte : « Martin Fayulu, lui, n’a jamais trahi la Constitution, ni le peuple, ni la mémoire des victimes. Son combat demeure : un Congo libre, fort, démocratique et souverain. »
Signée « Votre jeune frère », cette déclaration, à la fois personnelle et politique, marque une nouvelle étape dans les joutes verbales qui animent l’opposition congolaise, opposant clairement deux visions de l’engagement et de la loyauté nationale.
CI-DESSOUS LA DÉCLARATION
Monsieur Vuemba,
Il semble qu’une confusion persiste dans votre esprit entre la loyauté envers la Nation et les règlements de comptes politiques. Permettez-moi de vous rappeler quelques vérités essentielles que votre mémoire sélective semble avoir éclipsées.
1. Sur l’engagement politique de Martin Fayulu
Martin Fayulu n’a jamais été un figurant du régime Kabila, mais un élu du peuple. Son mandat à l’Assemblée nationale émanait de la volonté souveraine des Congolais, et non d’une nomination présidentielle. Exercer un mandat constitutionnel n’est pas collaborer ; c’est servir la République.
Vous omettez délibérément de rappeler que dès 2009, Fayulu a porté la candidature d’Étienne Tshisekedi sur les scènes européenne et américaine. En 2010, il dirigeait la dynamique « Tshisekedi Président » en vue des élections de 2011. Son engagement remonte à la Conférence nationale souveraine de 1991, à une époque où vous n’étiez pas encore en politique.
Fayulu a toujours œuvré pour la République, jamais pour un régime. Et lorsque Joseph Kabila a confisqué la victoire du peuple en 2018, Martin Fayulu s’est dressé, seul et courageux, pour défendre la vérité des urnes.
2. Sur la signature du communiqué avec Joseph Kabila
Il ne s’agissait ni d’une alliance, ni d’une compromission, mais d’un appel républicain à la transparence électorale. Ce texte exigeait un fichier électoral fiable et dénonçait par avance les fraudes préparatoires aux scrutins de 2023. Une démarche institutionnelle, pacifique et patriotique, là où d’autres, dépourvus de vision, ont choisi la voie des armes contre leur propre nation.
3. Sur la rencontre avec Félix Tshisekedi
Rencontrer le chef de l’État n’équivaut pas à pactiser avec lui. Fayulu a agi dans un esprit de responsabilité nationale, en soutenant l’initiative des confessions religiatives visant un dialogue inclusif pour sortir le pays de l’impasse. Seuls ceux qui ignorent les rouages de la diplomatie d’État confondent dialogue et allégeance.
4. Sur la position concernant le Rwanda
Fayulu n’a jamais varié. Déjà, lorsqu’il siégeait à l’Assemblée nationale, il désignait clairement le Rwanda comme l’agresseur de la RDC. Bien avant beaucoup d’autres, il a appelé à la rupture des relations diplomatiques avec Kigali tant que l’armée rwandaise continuerait de massacrer nos compatriotes dans l’Est.
Vous évoquez un « maître d’école » ? Soit. Fayulu est effectivement un maître en patriotisme et en cohérence politique. Ses anciens disciples, en revanche, ont trahi la leçon en s’alignant derrière ceux qui participent à la balkanisation du Congo sous la bannière du M23.
5. L’Histoire jugera
On ne sauve pas la patrie en collaborant, directement ou indirectement, avec ses bourreaux. Voilà pourquoi votre mouvement armé peine à convaincre le peuple congolais : les Congolais aspirent à la paix, à la justice et au renouveau, et non à la violence.
Vous avez manqué le tournant de l’Histoire. Le Congo avance. Il ne reviendra pas en arrière avec ceux qui ont trahi son sang.
Martin Fayulu, lui, n’a jamais trahi la Constitution, ni le peuple, ni la mémoire des victimes. Son combat demeure : un Congo libre, fort, démocratique et souverain.
Votre jeune frère,
Jean-Marc Kabunda