Une vidéo montrant l’interpellation violente et humiliante d’une présumée braqueuse par des militaires congolais a provoqué une onde de choc jeudi, soulevant une vive indignation et des questions sur les pratiques des forces de sécurité.
Une scène de violation « choquante »
La séquence, devenue virale sur les réseaux sociaux, montre Honorine Porsche, suspectée d’avoir participé à une tentative de braquage d’une agence Rawbank, subir des sévices graves à l’arrière d’un pick-up militaire.
On y voit et entend distinctement des soldats :
- Forcer la suspecte à écarter les jambes sous la contrainte
- Procéder à un examen gynécologique forcé et filmé
- La palper aux seins et aux fesses
- Tenir des propos explicitement dégradants la concernant
Réactions institutionnelles immédiates
Face à la gravité des faits, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a exprimé sa « profonde indignation » dans un communiqué signé par son président Paul Nsapu, qualifiant ces actes de « violation grave des droits fondamentaux ».
Les autorités militaires ont réagi rapidement en annonçant que « les agresseurs ont été identifiés comme des éléments de la 14ᵉ région militaire. Ils sont arrêtés et en instance de jugement. Leur commandant de bataillon est suspendu ».
Enjeux juridiques et éthiques
Ce cas soulève plusieurs problématiques cruciales :
- La présomption d’innocence, même pour une personne suspectée de crime grave
- L’absolue nécessité de respecter la dignité des personnes arrêtées
- La responsabilité de diffusion de contenus violents sur les réseaux sociaux
La victime aurait également déclaré avoir été « piétinée, traînée nue jusqu’au commissariat », son corps présentant de multiples égratignures.
Le Ministre des Droits Humains Samuel Mbemba condamne « le traitement dégradant et contraire à la dignité humaine » infligé à Honorine Porche et « appelle la Police Nationale Congolaise à plus de professionnalisme et de fermeté… »
Vers une prise de conscience institutionnelle
Cette affaire intervient dans un contexte où les violations des droits humains par les forces de sécurité font l’objet d’un examen accru de la part des organisations de défense des droits humains. La rapidité de la réaction des autorités militaires semble indiquer une volonté de rompre avec l’impunité traditionnellement observée dans ce type de cas.
L’épisode rappelle que le respect des procédures légales et de la dignité humaine doit rester la règle, y compris dans le cadre d’opérations de sécurité contre des suspects présumés dangereux.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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