La prise d’Uvira par le M23 a provoqué une onde de choc bien au-delà des Grands Lacs. Julius Malema, le chef charismatique et controversé du parti d’opposition sud-africain Combattants pour la liberté économique (EFF), a lancé une attaque verbale d’une rare virulence contre le président rwandais Paul Kagame, l’accusant de « tromperie » et de « trahison » après la signature des Accords de Washington.
Dans un discours enflammé diffusé sur les réseaux sociaux, Malema a dénoncé avec force l’écart abyssal entre les engagements de paix pris à la Maison Blanche et la réalité militaire sur le terrain.
« Un chef de guerre en costume »
« Comment un président rwandais peut-il se rendre jusqu’au Bureau ovale, s’asseoir avec le président de la RDC, Tshisekedi, et signer un accord de paix… puis rentrer chez lui et continuer à alimenter ses milices rebelles dans les forêts du Congo ? », a-t-il lancé, résumant le sentiment d’indignation partagé par de nombreux observateurs.
Il a qualifié cette double posture de pure « tromperie » : « Ce n’est pas de la diplomatie. C’est de la tromperie. Il signe des documents à Washington pendant que ses milices du M23 continuent de tuer des femmes et des enfants à Uvira, Goma et Bukavu. Ce n’est pas un partenaire de paix, c’est un chef de guerre en costume. »
Kagame accusé de profiter du « chaos congolais »
Malema a ensuite élargi son réquisitoire aux motivations économiques qu’il prête à Kigali. « Ne jouons pas à des jeux : Kagame bénéficie du chaos du Congo. Il se nourrit de minéraux pillés, de vies volées et du silence de puissants amis. Le Rwanda bénéficie de la production à partir de mines tenues par les rebelles, tandis que le Congo enterre ses enfants. »
Un appel à la pression internationale et au retrait inconditionnel
S’adressant directement aux garants de l’accord, le leader de l’EFF a mis les États-Unis au défi de faire preuve de cohérence. « Si l’accord de paix signifie quelque chose, alors les États-Unis, en tant que garants de cet accord, doivent demander des comptes au Rwanda. Sinon, cette photo du Bureau ovale n’est rien d’autre qu’un théâtre mis en scène, tandis que les forêts du Congo brûlent. »
Il a conclu par un appel à la solidarité panafricaine et à une solution militaire : « Les gens sont invités à se tenir aux côtés du peuple congolais. Et le Rwanda doit sortir du Congo sans condition. »
Portée d’une prise de parole
L’intervention de Julius Malema, bien que venant d’une figure politique souvent marginalisée dans les chancelleries occidentales, résonne puissamment sur le continent. Elle cristallise la colère et la frustration de nombreux Africains face à un conflit perçu comme alimenté par l’impunité et les intérêts économiques. Son discours place la crise congolaise non plus seulement comme une affaire régionale, mais comme une question de justice et de souveraineté africaine, tout en mettant en cause la crédibilité de la médiation américaine.
Cette sortie publique illustre la pression croissante, y compris au sein de l’Afrique anglophone et australe, pour une réponse plus ferme de l’Union africaine et de la communauté internationale face à l’escalade en RDC.
Par Marius Bopenga
CONGO PUB Online






