Retrait incertain du M23 à Uvira, combats à Fizi et crise humanitaire aux frontières

par admin9775

La situation dans le Sud-Kivu et ses régions frontalières demeure extrêmement confuse et tendue ce jeudi. Alors que l’AFC/M23 affirme avoir entamé un retrait de la ville d’Uvira qu’il occupe depuis le 10 décembre, la réalité sur le terrain apparaît fragmentée, tandis que les combats se poursuivent ailleurs et qu’une crise humanitaire majeure s’aggrave.

Un retrait d’Uvira partiel et mis en doute

La ville d’Uvira s’est réveillée dans un calme précaire. Si des sources locales et des notables confirment des mouvements de troupes rebelles quittant certains quartiers (comme Nyamianda) en direction de Kamanyola et de la plaine de la Ruzizi, la présence persiste ailleurs. Des éléments identifiés comme des « policiers du M23 » circulent encore, et certains combattants sont visibles près de l’axe vers le Burundi.

Cette opération unilatérale, annoncée lundi en réponse à la médiation américaine, est accueillie avec une extrême méfiance par Kinshasa. Le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, a mis en garde contre une possible manœuvre, demandant sur X : « Quel crédit accorder à cette manœuvre unilatérale du M23 ? » Il a réaffirmé la demande centrale du gouvernement : « Nous attendons le retrait effectif des troupes rwandaises de toutes les parties occupées de notre territoire. »

Combats persistants à Fizi et urgence humanitaire

La désescalade à Uvira, si elle est avérée, ne signifie pas un cessez-le-feu général. De violents affrontements ont opposé mercredi les FARDC au M23 autour des villages de Kazimia, Some et Sebele, dans le territoire de Fizi, à moins de 30 km au sud d’Uvira. Ces combats ont provoqué de nouveaux déplacements massifs de civils.

La situation humanitaire est catastrophique. Des milliers de déplacés congolais réfugiés à Gatumba, au Burundi, vivent dans des conditions « déplorables », selon le comité exécutif pour la paix de la région. Ils manquent d’abris, de toilettes, de soins et d’assistance organisée. La structure appelle à une aide urgente et à la réouverture de la frontière pour permettre un retour sécurisé.

Kalemie asphyxiée par la fermeture des frontières

La décision du Burundi de fermer sa frontière avec la RDC pour des raisons sécuritaires a des conséquences économiques et sanitaires dramatiques pour la ville de Kalemie, chef-lieu du Tanganyika. Cette ville dépend fortement des échanges avec le Burundi :

  • Blocage des importations : Les marchandises (nourriture, boissons, matériaux) transitant par le port d’Uvira n’arrivent plus.
  • Pénurie de main-d’œuvre : Une partie importante de la main-d’œuvre dans la construction et l’hôtellerie était burundaise.
  • Crise sanitaire : Les patients nécessitant des soins spécialisés ne peuvent plus se rendre dans les hôpitaux mieux équipés de Bujumbura.

En réaction, le gouvernement provincial du Tanganyika a annoncé la fermeture du trafic sur le lac Tanganyika avec le Sud-Kivu, craignant des infiltrations rebelles, isolant davantage les populations.

Une trêve fragile et des défis colossaux

Le retrait partiel et contesté du M23 d’Uvira apparaît comme une manœuvre tactique ou un geste minimaliste sous pression internationale, loin d’une véritable désescalade. Les combats à Fizi, la crise humanitaire aux frontières et l’asphyxie économique de Kalemie illustrent l’ampleur régionale de la crise. La communauté internationale, qui pousse à la mise en œuvre des accords de paix, est confrontée à un terrain complexe où chaque avancée diplomatique semble immédiatement contrebalancée par de nouveaux foyers de tension et des souffrances civiles accrues.

Par Marius Bopenga
CONGO PUB Online

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