Dans un discours véhément, le président rwandais Paul Kagame a fustigé le double langage et le manque de résultats tangibles de la communauté internationale dans la crise de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Ses déclarations interviennent dans un contexte de pressions diplomatiques accrues et de craintes de sanctions potentielles contre son pays.
Un plaidoyer pour l’action africaine et un réquisitoire contre l’incohérence
S’exprimant récemment, M. Kagame a pointé du doigt l’inconstance des acteurs internationaux : « Vous dites une chose dans la salle, puis, une fois dehors, devant les médias, vous dites complètement autre chose. » Il a salué l’initiative de pourparlers à Washington, y voyant un « progrès », tout en rappelant amèrement que les résolutions passées du Conseil de sécurité n’ont produit « rien de tangible ».
Pour illustrer son propos, il a eu recours à une métaphore évocatrice : « On peut mener les chevaux à l’abreuvoir, mais on ne peut pas les forcer à boire… Nous, Africains, avons tout ce qu’il faut. Nous avons l’eau devant nous… Mais nous trouvons des excuses pour ne pas boire. » Ce proverbe résume sa conviction : les solutions existent en Afrique, mais la volonté politique fait défaut.
La crainte des sanctions et la redirection des responsabilités
La partie la plus vigoureuse de son intervention a porté sur la menace de sanctions contre le Rwanda, qu’il juge contre-productive. Sur un ton rhétorique et interrogatif, il a lancé : « Si vous imposez des sanctions au Rwanda, comment cela résout-il vos propres problèmes ? […] Comment cela résout-il le problème du recours à des mercenaires ? »
Il a ensuite rejeté la responsabilité principale de la crise sur les dirigeants congolais, affirmant que les problèmes sont « localisés » en RDC mais que ses dirigeants « refusent d’assumer leurs responsabilités » et que leur « seul objectif est d’imposer des sanctions au Rwanda ».
Réactions congolaises : mobilisation et scepticisme
Le discours de Kagame a suscité des réactions vives en RDC. Pour certains citoyens, c’est un aveu de sa « paternité » présumée sur le groupe rebelle M23. Un internaute a lancé un appel à la mobilisation : « Je lance un appel à tout congolais… d’avoir une bonne conscience et de se lever pour défendre sa patrie. »
D’autres y voient un signe de faiblesse et de peur face à la stratégie diplomatique du président Félix Tshisekedi.
Un commentaire résume cette perception : « L’homme a enfin compris que ses mensonges et manipulations ne passent plus, maintenant il a peur des sanctions… Félicitations à Félix Tshisekedi pour avoir déstabilisé le système rwandais dans notre pays. »
Alors que des processus diplomatiques parallèles se poursuivent à Washington et à Doha, le discours de Paul Kagame révèle une tension croissante et marque un durcissement de la rhétorique, dans un conflit où la guerre des mots fait écho à celle qui se déroule sur le terrain.
Par Pascal Kabeya
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