Une panne de courant majeure a paralysé les opérations de l’aéroport international de Kinshasa N’Djili dans la nuit du 10 au 11 septembre 2025, entraînant des perturbations significatives et une réaction administrative immédiate. Cet incident, sans précédent par sa durée et ses conséquences, a exposé des vulnérabilités critiques dans la chaîne de sécurité aéroportuaire.
Un incident aux conséquences immédiates
Entre 00h24 et 05h20 (heure locale), l’aéroport a été intégralement privé d’électricité, plongeant la plateforme dans l’obscurité et l’immobilité. Cette coupure a forcé le déroutement de plusieurs vols, dont un particulièrement sensible : le vol présidentiel DRCO01, ramenant le Chef de l’État Félix Tshisekedi d’une mission au Kazakhstan. Contraint de renoncer à son atterrissage à Kinshasa, l’appareil a dû être redirigé, comme d’autres, vers l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville, en République du Congo.
Réaction institutionnelle et suspension
Face à la gravité de l’événement, la Régie des Voies aériennes (RVA) a réagi avec célérité. Dès le jeudi 11 septembre, son Directeur général, M. Ngoma Mbaki Léonard, a signé une note de service ordonnant la suspension immédiate de M. Lundula Lutshaka, Commandant de l’aéroport. Cette mesure, prise en application de l’article 32 du code de conduite de la RVA, fait suite à des accusations préliminaires de « manquement grave ».
Des manquements présumés pointés par l’enquête
Les premières investigations mettent en lumière deux fautes présumées imputées au responsable suspendu :
- Contournement des procédures d’achat : M. Lutshaka est soupçonné d’avoir ignoré les instructions officielles pour l’acquisition d’un inverseur de charges, un équipement essentiel, en passant par une société non agréée.
- Défaillance opérationnelle : Il lui est reproché de n’avoir pas correctement activé le protocole de secours électrique. Cette erreur aurait empêché le basculement vers la solution de « secours inverse », pourtant prévue pour pallier ce type de panne et éviter un black-out total.
Au-delà de la sanction : un signal d’alarme pour les infrastructures nationales
Si la sanction individuelle témoigne d’une volonté de responsabilisation, l’incident révèle une problérabilité systémique plus alarmante. Le fait qu’une panne électrique domestique paralyse un point névralgique de la souveraineté nationale – au point de détourner le vol présidentiel vers un pays voisin – interroge la robustesse et la résilience des infrastructures aéroportuaires congolaises.
Cet épisode soulève ainsi des questions cruciales en matière de sécurité aérienne et de continuité opérationnelle. Il appelle à une revue approfondie des équipements, des protocoles de maintenance et des plans de secours.
Perspective : vers des réformes urgentes
La RVA et les autorités compétentes sont désormais attendues au tournant pour mettre en œuvre des réformes structurelles. L’objectif est clair : garantir que tel scénario ne se reproduise plus, en particulier pour les vols stratégiques où les enjeux de sécurité et de souveraineté nationale sont absolus. La crédibilité du hub aérien congolais en dépend.
Par Pascal Kabeya
CONGO PUB Online