États-Unis: James Comey, un incorruptible devenu bête noire de Trump

par admin9775

Directeur du FBI jusqu’à son limogeage brutal en 2017, James Comey est associé à l’une des séquences les plus explosives de la présidence du milliardaire républicain. Son renvoi avait déclenché une tempête politique et ouvert la voie à une enquête sur les liens supposés entre la Russie et la première campagne présidentielle de Donald Trump. Huit ans plus tard, son nom incarne la résistance face aux méthodes brutales de l’hôte de la Maison Blanche.

C’est l’une des bêtes noires de Donald Trump. L’ancien directeur du FBI, James Comey, a été inculpé ce jeudi notamment pour entrave à la justice. Cette décision a été immédiatement saluée par le président américain, dont les pressions visant les adversaires politiques commencent à porter leurs fruits.  

Pourtant, à bientôt 65 ans, James Comey se veut l’incarnation d’une police et d’une justice indépendantes des pouvoirs politiques. Juriste formé à l’université de Chicago, il devient en 1995 conseiller juridique. Il figure au sein d’une commission du Sénat chargée de l’enquête sur l’affaire Whitewater, qui soupçonnait Bill et Hillary Clinton d’enrichissement illégal grâce à un projet immobilier en Arkansas. Si aucune preuve ne permet d’incriminer le couple, c’est en instruisant ce dossier que le procureur indépendant Kenneth Starr fait éclater l’affaire Lewinsky, du nom de la secrétaire avec laquelle Bill Clinton a entretenu des rapports sexuels, ce qui faillit lui coûter son poste à la fin des années 1990. 

Après un bref passage dans un cabinet d’avocat, James Comey devient procureur adjoint en charge de la division de Richmond en Virginie. À ce poste, avec la méticulosité d’un enquêteur et la cuirasse de celui qui va jusqu’au bout, il se fait remarquer en reprenant le dossier de l’attentat des tours Khobar, en Arabie Saoudite, une attaque terroriste qui avait tué dix-neuf Américains en 1996. En quelques mois, il met en examen quatorze personnes. 

Après les attentats du 11-Septembre, l’administration Bush suit de près ses exploits en matière de contre-terrorisme. En 2001, à 41 ans, l’avocat zélé est nommé procureur fédéral adjoint pour le district sud de New-York, l’un des postes les plus prestigieux du pays, en raison du statut international de la ville. Après avoir enquêté sans succès sur la grâce controversée accordée par Bill Clinton à l’homme d’affaires Marc Rich, il gravit les échelons du ministère de la Justice jusqu’à en devenir le numéro deux en 2003.

James Comey s’illustre rapidement par son indépendance. En mars 2004, alors que son supérieur John Ashcroft est hospitalisé, il refuse aux émissaires de la Maison Blanche la prolongation d’un programme d’écoutes téléphoniques qu’il juge illégal. Un an plus tard, il démissionne, expliquant ne pas pouvoir cautionner ces procédures sans fondement juridique.

Nommé directeur du FBI en 2013

Il rejoint ensuite le secteur privé, à des postes de haut niveau chez Bridgewater Associates, HSBC et Lockheed Martin. Il revient sur le devant de la scène en 2013, en étant nommé 17e directeur du FBI par Barack Obama. À l’époque, sa réputation est celle d’un homme droit, un franc-tireur apolitique et inflexible capable d’enquêter n’importe quand et sur n’importe qui. Pendant trois décennies, l’homme rompu aux joutes politiciennes de Washington a navigué dans les cercles politico-judiciaires fédéraux, distribuant publiquement des cartons jaunes dans l’exécutif ou le judiciaire. 

Il est propulsé au cœur de la campagne présidentielle de 2016. Quelques jours avant l’élection, James Comey annonce la réouverture d’une enquête sur l’utilisation par Hillary Clinton d’un serveur de messagerie privée alors qu’elle était secrétaire d’État. Ce geste, considéré par beaucoup comme un coup de massue politique, a sans doute contribué à affaiblir la candidate, grande rivale de Donald Trump. Mais celui qui est perçu par les démocrates comme l’homme qui a fait perdre Hillary Clinton va rapidement devenir l’ennemi juré de Trump. 

Une chute spectaculaire

Une fois élu, Donald Trump s’attend à une loyauté sans faille de la part du justicier républicain. Mais ce dernier, fidèle à sa conception quasi sacrée de l’indépendance du FBI, refuse de plier. Le 3 mai 2017, il est auditionné par une commission du Congrès et confirme que, depuis juillet 2016, le FBI enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de l’équipe de campagne de Trump et des responsables russes. 

Le 9 mai 2017, il est brutalement limogé par Donald Trump. Quelques jours plus tard, James Comey témoigne devant la commission sénatoriale du renseignement et admet avoir pris des notes après chacune de ses rencontres avec Trump, par souci du détail et craignant que le président ne déforme ses propos. Parmi ces notes, l’une, transmise secrètement aux médias, décrit la demande de Trump de mettre fin à l’enquête du FBI sur Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale. 

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias avant de partir pour New York afin d'assister au tournoi de golf de la Ryder Cup, depuis la Maison Blanche à Washington, aux États-Unis, le 26 septembre 2025.
Le président américain Donald Trump s’adresse aux médias avant de partir pour New York afin d’assister au tournoi de golf de la Ryder Cup, depuis la Maison Blanche à Washington, aux États-Unis, le 26 septembre 2025. © Jonathan Ernst / Reuters

Une guerre ouverte avec Donald Trump 

Libéré de ses obligations, James Comey multiplie les attaques contre Donald Trump. Il publie en 2018 A Higher Loyalty, où il décrit un président « menteur invétéré » au comportement « mafieux ». L’ancien haut fonctionnaire s’impose comme une figure publique du camp anti-Trump, tout en se défendant de toute ambition politique. Sur les plateaux de télévision, il multiplie les mises en garde contre les dérives autoritaires de la Maison Blanche. 

En retour, Trump ne cesse de l’attaquer. Il le qualifie tour à tour de « visqueux », de « détraqué » et affirme qu’on se souviendra de lui comme du « pire directeur du FBI dans l’histoire, de loin ». Ce vendredi encore, le président américain Donald Trump a attaqué l’ancien directeur du FBI, le qualifiant de « flic véreux » et « corrompu ». Il est désormais poursuivi pour fausse déclaration et entrave à la justice, selon le ministère. Il encourt jusqu’à cinq ans de prison.

RFI

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