La Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Kaja Kallas, a annoncé, ce lundi 24 février 2024, la suspension des consultations en matière de défense avec le Rwanda. Cette décision fait suite aux allégations persistantes concernant l’implication des troupes rwandaises aux côtés des rebelles du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette région, en proie à des conflits depuis des décennies, reste un point de friction majeur dans les relations entre l’UE et le Rwanda.
Les péripéties des accords UE-Rwanda
Les relations entre l’Union européenne et le Rwanda ont connu des phases tumultueuses. En 2012, l’UE avait déjà suspendu une partie de son aide au Rwanda en raison de son implication présumée dans le soutien à des groupes rebelles en RDC. Malgré ces tensions, les deux parties avaient renoué le dialogue, notamment autour de la coopération économique et des matières premières critiques. Un protocole d’accord avait même été signé pour renforcer la collaboration dans ce domaine stratégique. Cependant, la récente escalade du conflit à l’est de la RDC, avec le soutien présumé du Rwanda au M23, a de nouveau mis à mal cette relation fragile.
Une décision ferme de l’UE
À l’issue du Conseil des Affaires étrangères de l’Union, Kaja Kallas a déclaré :
« Les consultations sur les questions de défense avec le Rwanda ont été suspendues. Il y a également une décision politique d’appliquer des sanctions selon l’évolution de la situation sur le terrain. Nous avons demandé au Rwanda de retirer ses troupes du territoire de la RDC. »
L’UE prévoit également de réexaminer le protocole d’accord sur les matières premières critiques conclu avec Kigali, marquant un durcissement significatif de sa position.
Pression internationale accrue sur le Rwanda
Cette annonce de l’UE s’inscrit dans un contexte de pression internationale croissante sur le Rwanda. La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’ONU avait accusé Kigali de soutenir le groupe rebelle M23 et exigé le retrait immédiat de ses troupes du territoire congolais. Les États-Unis ont également pris des mesures concrètes en sanctionnant James Kabarebe, général rwandais à la retraite et actuel ministre d’État chargé de l’intégration régionale, ainsi que Lawrence Kanyuka, porte-parole civil du M23.
La Belgique, de son côté, a suspendu sa coopération militaire avec le Rwanda, rejoignant ainsi la position de l’UE.
Un appel international unanime
Dans une déclaration publiée le mercredi 19 février, le Groupe de contact international pour la région des Grands Lacs, composé de représentants de l’Allemagne, de la Belgique, du Danemark, des États-Unis, de la France, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Suède, de la Suisse et de l’Union européenne, avait déjà appelé à un retrait immédiat des troupes rwandaises de la RDC. Cette mobilisation internationale témoigne de l’urgence de rétablir la stabilité dans une région minée par des décennies de conflits et d’ingérences étrangères.
La décision de l’UE de suspendre sa coopération militaire avec le Rwanda marque un tournant dans les relations entre les deux parties. Elle reflète également la détermination de la communauté internationale à mettre fin à l’instabilité chronique à l’est de la RDC, tout en rappelant les défis persistants de la diplomatie dans cette région complexe.
MN
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