Soudan: le général al-Burhan reconnaît que l’armée s’est retirée d’El-Fasher

par admin9775

Le général al-Burhan a reconnu lundi que l’armée « s’est retirée » d’El-Fasher, son dernier bastion, dans l’ouest du pays. Il s’agit de la première prise de parole du chef de l’armée depuis l’annonce, dimanche par les paramilitaires, de leur victoire dans cette ville du Darfour du Nord hautement stratégique. Dimanche 26 octobre, dans un communiqué sur le réseau de messagerie Telegram, les paramilitaires FSR du général Hemedti avaient revendiqué la ville, qui était assiégée depuis 18 mois. L’ONU met en garde contre des « atrocités » à motivation ethnique et Antonio Guterres appelle les pays qui « fournissent des armes aux belligérants d’y mettre un terme ». 

Le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan a reconnu lundi 27 octobre que « l’armée s’est retirée d’El-Fasher » au lendemain de l’annonce de la prise de la ville par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) que ses troupes combattent depuis avril 2023.

« Nous avons accepté le retrait de l’armée d’El-Fasher vers un lieu plus sûr », a déclaré le général al-Burhan dans un discours diffusé à la télévision nationale, en affirmant que son camp « se vengera » et se battra « jusqu’à purifier cette terre ».

Depuis les premières heures de ce lundi, sur Telegram, les FSR ont posté des vidéos de leurs soldats posant devant le quartier général de la sixième division d’infanterie de l’armée, abandonnée dimanche par ses soldats. Sur le réseau social X, le gouverneur du Darfour, nommé par l’Alliance Tasis – l’alliance loyale aux FSR qui a formé un gouvernement parallèle à celui de Port-Soudan cette année –, se réjouit de la « libération d’El-Fasher ».

L’armée était d’abord restée silencieuse, avant la reconnaissance ce soir par le général al-Burhan de la chute de El-Fasher. Le ministre de l’Information avait publié un communiqué lundi matin, pour louer la « détermination » des soldats soudanais qui continuaient de « repousser » l’offensive des FSR sur El-Fasher. Les comités civils de résistance, quant à eux, assuraient que la ville ne se rendrait pas aux paramilitaires.

Le gouverneur du Darfour du Nord appelle à « la protection des civils »

Quoi qu’il en soit, la situation humanitaire risque encore de se dégrader. Après 18 mois de siège dans une situation de famine, la population d’El-Fasher se retrouve au cœur des combats. Mini Minawi, le gouverneur du Darfour du Nord, nommé par l’armée, demande sur son compte X, « la protection des civils », ce que les FSR ont promis d’assurer dans leur dernier communiqué.

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D’après l’ONG Solidarités International, quatre camions des FSR sont arrivés dimanche soir à Tawila, à soixante kilomètres d’El-Fasher, transportant entre 200 et 400 personnes. Ces déplacés se trouvent dans un état de santé grave, ils sont malnutris et déshydratés. Depuis avril, plus d’un demi-million de déplacés ont rejoint Tawila.

L’ONU déplore une « terrible escalade du conflit »

La situation humanitaire au Darfour inquiète le chef de l’ONU qui déplore une « terrible escalade du conflit » et les appels internationaux se multiplient pour permettre un accès humanitaire aux civils qui cherchent à quitter la ville…

« Cela représente une terrible escalade du conflit », a réagi ce lundi Antonio Guterres en réponse à une question de l’AFP lors d’une conférence de presse à Kuala Lumpur, la capitale malaisienne.

Antonio Guterres appelle les pays qui fournissent des armes aux belligérants d’y mettre un terme : « Je pense qu’il est grand temps que la communauté internationale dise clairement à tous les pays qui interviennent dans cette guerre et qui fournissent des armes aux belligérants d’y mettre un terme. Car le niveau de souffrance que nous constatons au Soudan est insupportable », a-t-il souligné.

Le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, a demandé un passage sûr pour les civils alors que les voies d’évacuation sont coupées : « Des centaines de milliers de civils sont piégés et terrifiés – bombardés, affamés, et sans accès à la nourriture, aux soins ou à la sécurité », a-t-il déclaré. De leur côté, le réseau des médecins du Soudan a dénoncé une nouvelle fois les exactions qui touchent le corps médical à El-Fasher. 

« Risque de violations et d’atrocités à grande échelle motivées par des raisons ethniques »

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a averti lundi que la ville d’El-Fasher était dans une « situation extrêmement précaire », avec un risque croissant de « violations et d’atrocités motivées par des raisons ethniques ».

« Le risque de violations et d’atrocités à grande échelle motivées par des raisons ethniques à El-Fasher augmente chaque jour », a déclaré Volker Türk dans un communiqué, appelant à « une action urgente et concrète (…) pour garantir la protection des civils à El-Fasher et un passage sûr pour ceux qui tentent de rejoindre un lieu relativement sûr ».

Le seul hôpital de El-Fasher bombardé dimanche

L’inquiétude est d’autant plus forte que le seul hôpital qui fonctionne encore à El-Fasher a été bombardé dimanche. « Un crime de guerre », dénonce auprès de RFI par Tasneem al-Amin, l’une des porte-paroles du réseau des médecins du Soudan.

Ce bombardement a entraîné la mort d’un membre du cadre médical et a blessé trois autres. Cela s’inscrit dans la continuité d’une série d’attaques perpétrées par les Forces de soutien rapide contre les civils et les secteurs de la santé au Darfour. Cibler des hôpitaux et des établissements de santé constitue un crime de guerre et une violation flagrante du droit international humanitaire. Le réseau appelle la communauté internationale à prendre des mesures immédiates et urgentes pour protéger les civils d’El-Fasher, soumis depuis hier [dimanche] à des bombardements intenses de missiles guidés de tous types. Nous appelons également l’Organisation mondiale de la Santé à assurer sa responsabilité de protéger les installations médicales et le personnel soignant, devenu la cible directe des attaques répétées des Forces de soutien rapide.

Tasneem al-Amin, porte-parole du réseau des médecins du Soudan (Sudan Doctors Network)Houda Ibrahim

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé lundi une attaque ayant visé le seul hôpital encore partiellement opérationnel de la ville appelant à la fin immédiate des hostilités. La maternité de l’hôpital saoudien « a été de nouveau attaquée hier. Selon certaines informations, une infirmière a perdu la vie et trois autres soignants ont été blessés », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus sur X, déplorant qu’une coupure de communication « nous empêche de vérifier l’évolution de la situation à l’hôpital et dans ses environs ».

RFI

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