Dans un mouvement qui bouscule le paysage politique congolais en pleine crise sécuritaire, l’ancien député national Daniel Safu a annoncé son alignement officiel avec la rébellion de l’AFC/M23. Cette décision, qui clôt une trajectoire politique changeante, survient au moment même où ce mouvement, soutenu par le Rwanda, vient de s’emparer de la ville stratégique d’Uvira.
Un parcours politique singulier
Daniel Safu, figure politique du Katanga, avait initialement fait partie de l’entourage de Moïse Katumbi et de son parti, Ensemble pour la République. Il avait ensuite effectué un premier virage en rejoignant la coalition « Sauvons la RDC » de l’ancien président Joseph Kabila. Son ralliement à l’AFC/M23 représente un saut politique d’une autre ampleur, le plaçant du côté d’un mouvement armé en conflit ouvert avec l’État congolais, et dont le contrôle territorial s’étend désormais jusqu’au Sud-Kivu.
Un timing symbolique et stratégique
Cette annonce coïncide avec un développement militaire majeur : la prise de la ville d’Uvira par le M23 ce mardi 10 décembre. Les rebelles sont entrés dans cette ville frontalière avec le Burundi après le retrait, sans combats, de l’armée congolaise (FARDC) et de ses alliés, selon des sources locales. Ce contexte donne un relief particulier à l’alignement de Safu, qui peut être interprété comme une tentative de légitimation politique du M23 ou comme le calcul d’un acteur anticipant une recomposition du pouvoir dans l’Est.
Réactions et implications
Ce ralliement est susceptible de provoquer de vives réactions à Kinshasa, où il pourrait être qualifié de trahison. Il illustre la profonde fragmentation et les recompositions à l’œuvre au sein de la classe politique congolaise face à un conflit qui dépasse les frontières et redessine les équilibres régionaux.
Pour l’AFC/M23, le soutien d’une figure politique nationale, même controversée, peut être présenté comme un signe d’élargissement de son assise au-delà du seul terrain militaire. Cela survient alors que le mouvement est au faîte de sa puissance territoriale mais fait face à une pression diplomatique internationale croissante pour son retrait et celui de son soutien rwandais.
L’évolution de la position de Daniel Safu sera scrutée comme un indicateur des dynamiques politiques souterraines en RDC, où la guerre dans l’Est continue de réécrire les règles du jeu bien au-delà du champ de bataille.
Par Pascal Kabeya
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